Thomas-Charles NAUDET

La prise de Malte par Napoléon Bonaparte

Gravure de Le Beau

Thomas-Charles NAUDET (Paris, 1773 – Paris, 1810)
La prise de Malte par Napoléon Bonaparte
Lavis d’encre brune sur traits de plume
33 x 45,5 cm
Porte une signature apocryphe J.Swebach en bas à droite
Vers 1800
Oeuvre en rapport : gravure à l’eau-forte de Pierre-Adrien Le Beau (1744-1817), publiée chez Pierre Jean (1754-1829), titrée Prise de Malthe (sic), pour laquelle notre dessin est préparatoire


Ce grand dessin est préparatoire à la gravure publiée chez Pierre Jean, établi au 32, rue Saint Jean de Beauvais à Paris, dont le musée Carnavalet possède un exemplaire. Elle fait partie d’un ensemble de 19 gravures, d’un format de 16 x 18 pouces, représentant des faits historiques de la fin de la Révolution au début du Consulat. Dans le Catalogue des planches gravées d’après les meilleurs maîtres anciens et modernes publié en 1801 par l’important éditeur d’estampes qu’était Pierre Jean, les gravures sont numérotées de 538 à 556, et La prise de Malthe est référencée sous le N°547.
La gravure porte la légende suivante : « Le 24 Prairial An 6, 12 juin 1798, le général Bonaparte commandant la Flotte Française qui, par son ordre, avait investi la Capitale de cette Isle et l’Isle entière de tous les côtés depuis deux jours, rapporte aux chefs des Escadres qui composaient sa Flotte, la capitulation par laquelle le Grand-Maître et les Chevaliers de l’Ordre de St Jean de Jérusalem ont remis à la République cette Isle et les Villes, Ports et autres dépendances d’icelle, renonçant à leurs droits de Souveraineté et de Propriété » .

On reconnaît (d’ailleurs davantage sur la gravure que sur le dessin) Bonaparte à bord de la chaloupe, revenant avec le traité de reddition qui avait été signé à bord du navire L’Orient. Il semble que Naudet en donne une représentation plutôt éloignée de la réalité, avec un pavillon au coq entouré de faisceaux de licteurs, très évocateur de la Révolution mais probablement imaginaire, l’artiste ne s’étant effectivement pas trouvé sur place, et n’ayant pu scrupuleusement respecter la réalité (navires, topographie…). Il n’existe pas d’iconographie « ad vivum » connue de l’événement, et celles dont nous disposons sont tout autant imaginaires (celle de Gudin, datant au plus tôt des années 1820 ; celle de Philippoteaux des années 1840 ou 1850). Celle de Charles Monnet (1732-1808 ?), tout comme celle de Naudet, ayant le mérite d’être « d’époque », et de proposer des visions vraisemblablement assez propagandistes, très pro-républicaines.
A noter par ailleurs que la gravure est reproduite p.63 dans Les Mémoires de M. de Bourrienne publiées chez Fayard au XXème siècle.

Fils d’un marchand d’estampes, et qui deviendra graveur lui-même, Thomas-Charles Naudet se forma auprès d’Hubert Robert. Au début de sa carrière, il réalisa des caricatures, dessins de mode, puis des scènes historiques de la Révolution et de l’Empire.
Paysagiste dans l’âme, il exécuta des vues de l’Oise pour un ouvrage paru en 1803, puis prit quelques leçons de perspective auprès de Jean-Thomas Thibault.
S’étant lié d’amitié avec le naturaliste danois Bruun-Neergaard, il le suivit dans ses voyages en Auvergne, nord de l’Espagne, Allemagne, Autriche puis en Italie.

Titres des 19 gravures du recueil de Pierre Jean publié en 1801 :
Bonaparte,1er Consul
La bataille de Hohenlinden
L’évacuation de la Hollande
L’entrée des Français dans Turin
La bataille de Nazareth
Passage du Rhin par les Français
L’entrée des Français dans Naples
L’entrée des Français dans Rome
L’entrée des Français dans Venise
La prise de Malthe (sic)
Le passage du pont d’Arcole
Prestation de serment du Clergé dans les mains du premier Consul
La bataille de Maringo (sic)
L’entrée des Français au Cap
Le combat du vaisseau Le Vengeur
La bataille de Gemmape (sic)
La bataille de Fleurus
La parade devant le château des Tuileries
La prise du Caire