Thomas-Charles NAUDET, attribué à

Rome: le palazzo Borgia et la montée vers San Pietro in Vincoli

Dessin de David vers 1780
Dessin de Granet en 1817
Tableau de Remond vers 1824
Dessin d'Edward Lear en 1838
Dessin de Lenepveu en 1848

Thomas-Charles NAUDET (1773, Paris – 1810, Paris), attribué à
Rome: le palazzo Borgia et la montée vers San Pietro in Vincoli
Lavis d’encre brune sur traits de plume et de pierre noire
25 x 18 cm
Vers 1806
Cachet en creux, à sec, en bas à droite sur le montage d’origine, du monteur I.S. (Lugt 1529), actif au début du XIXème siècle
Provenance: peut-être collection Horace Vernet (inscription « collection H. V. » à la plume au dos du montage)


Notre dessin représente les escaliers, surmontés du Palazzo Borgia, menant vers la basilique San Pietro in Vincoli, depuis l’actuelle via Cavour. Il s’agit d’un site pittoresque et célèbre, mais dont l’iconographie est moins fournie que pour pour d’autres lieux à Rome; il existe cependant des vues par David (vers 1780, dessin conservé au Louvre, Inv 26169), Granet (1817, dessin conservé au Louvre, Inv 26815), Rémond (vers 1824, huile sur papier, collection particulière), Edward Lear (1838) ou encore Jules Lenepveu (1848, aquarelle conservée au musée d’Angers).
L’édifice, dont les premières parties (la tour sur la gauche) remontaient au XIIIème siècle, appartenait en réalité à la famille Cesarini, mais la légende l’a fait habité par Lucrèce Borgia dans sa jeunesse. La construction du balcon date de 1520. Cette loggia fut recouverte d’un étage supérieur vers 1840 (cf les dessins, ci-contre, de Lear en 1838, et de Lenepveu en 1848).

Fils d’un marchand d’estampes, et qui deviendra graveur lui-même, Thomas-Charles Naudet se forma auprès d’Hubert Robert. Au début de sa carrière, il réalisa des caricatures, dessins de mode, puis des scènes historiques de la Révolution.
Paysagiste dans l’âme, il exécuta des vues de l’Oise pour un ouvrage paru en 1803, puis prit quelques leçons de perspective auprès de Jean-Thomas Thibault.
S’étant lié d’amitié avec le naturaliste danois Bruun-Neergaard, il le suivit dans ses voyages en Auvergne, nord de l’Espagne, Allemagne, Autriche puis nord de l’Italie (dont Venise); les deux amis effectuèrent un autre voyage à partir de juillet 1806, passant par Dijon, Chamonix, la Suisse pour rejoindre l’Italie (Venise, Florence et surtout Rome). Avant de revenir à Paris, ils firent un séjour d’un mois à Naples.
A Rome, Naudet fréquenta de nombreux artistes, en particulier Ingres, qui réalisa son portrait à la fin de 1806. Il était également proche de Bartolomeo Pinelli (1781-1835), dont la manière de réaliser les figures est d’ailleurs similaire à la sienne, avec beaucoup d’esprit. Il arrivait d’ailleurs à Naudet d’intervenir comme figuriste dans les oeuvres de ses confrères, comme le gouachiste ruiniste Pierre Drahonet.
Naudet était un admirateur de Jean-Jacques de Boissieu, dont on perçoit l’influence dans les effets de lumière de notre dessin.