Auguste RAFFET

Les sources thermales de Karlsbad en 1852

Gravure de la même époque

Auguste RAFFET (1804, Paris – 1860, Gênes)
Les sources thermales de Karlsbad en 1852
Mine de plomb
25,5 x 39 cm
Signé, situé et daté (traces) en bas à droite
Début octobre 1852
Provenance:
– Collection Auguste Raffet fils (1839-1910)
– Vente Auguste Raffet fils, 16 mars 1911, Drouot, salle 11 (experts Mannheim, Féral, Delteil). Cachet de la vente (Lugt 2126) en bas à droite. Probablement un des deux dessins du lot N°185 (Environs de Dresde – Carlsbad, mine de plomb)
– Collection Gustav Engelbrecht (1848-?). Cachet (Lugt 1148) en bas à droite


Fils de hussard et petit-fils d’un capitaine de la Garde Nationale de la Révolution, Auguste Raffet, après une expérience de décorateur sur porcelaine chez Cabanel, intégra l’atelier de Charlet en 1824 (il fut reçu à l’Ecole des Beaux-Arts six mois après) puis celui du Baron Gros en 1829. Son échec au Prix de Rome de peinture en 1831 (il termina 3ème) le conforta à être principalement un dessinateur, lithographe (il créa environ 1 800 estampes) et illustrateur. Spécialisé dans les sujets militaires, il devint l’un des plus remarquables artistes à oeuvrer pour la légende napoléonienne.
Voici ce qu’en disait le célèbre collectionneur Henri Béraldi: « Dessinateur de génie, observateur doublé d’un poète, esprit libre et main précise, ayant le don de composer grand, même dans le plus petit espace« .
On divise généralement sa carrière en trois périodes.
Jusqu’en 1831, il imite surtout ses « maîtres » Horace Vernet, Hippolyte Bellangé et Charlet.
Jusqu’en 1837, il développe son propre style et atteint son apogée, en créant ses compositions uniquement sur la base de son imaginaire mais extrêmement vivantes et réalistes; ainsi, de 1830 à 1837, en plus de nombreuses autres commandes, Raffet produisit annuellement un album de douze lithographies pour l’éditeur Gihaut Frères, 5 boulevard des Italiens à Paris.
Ensuite c’est d’après nature et en observant sur le terrain qu’il dessine, à l’occasion d’incessants voyages avec un industriel russe fortuné et éclairé, le Prince Demidoff (1812-1870), en Europe de l’Est, Russie, Algérie, Espagne (1847), Ecosse (1854) et en Italie.

En 1852, Raffet quitte Paris le 25 août pour retrouver Demidoff à Berlin; après avoir visité Potsdam et Dresde, il passe alors une partie de la fin du mois de septembre dans la ville thermale de Karlsbad (orthographiée Carlsbad sur notre dessin) en Bohème, aujourd’hui appelée Karlovy Vary en République Tchèque, non loin de la frontière allemande. Il met ensuite le cap sur Vienne, puis la Toscane et l’île d’Elbe (où Demidoff a racheté l’ancienne résidence de Napoléon 1er, avec l’idée d’en faire un musée) avant de revenir à Paris le 13 janvier 1853.
A Karlsbad, Raffet est très vraisemblablement accompagné de Demidoff (habitué des prestigieuses villes d’eaux européennes), qui est certainement le personnage représenté dans le petit pavillon. Celui-ci abrite la Theresien Brunnen, la fontaine de Marie-Thérèse (en référence à la grande impératrice autrichienne du XVIIIème siècle), une des sept sources qui se trouvent de chaque côté de la rivière Tepla, et l’une des moins chaudes avec une température de sortie de 51°. Nous sommes encore dans la saison thermale, qui débute le 15 juin et s’achève le 15 octobre.

Auguste Raffet fils était conservateur adjoint à la Bibliothèque Nationale, au cabinet des Estampes, à laquelle il fit une donation de plus de 3 000 oeuvres (dessins et estampes) de son père, entre 1869 et 1891.