Prosper MERIMEE (1803, Paris – 1870, Cannes)
Wellington et son Etat-Major
Plume et encre brune
26 x 20 cm
Signée en bas à droite et titrée en bas Wellington and staff
Essentiellement connu pour sa carrière d’écrivain et son poste d’Inspecteur général des Monuments historiques, Mérimée fut également un excellent dessinateur.
Notre feuille nous en donne un exemple, et illustre aussi l’anglophilie dont il fit preuve sa vie durant.
Ses parents, artistes et bilingues, voyageaient fréquemment en Angleterre et recevaient régulièrement des hôtes britanniques; à 15 ans, le jeune Prosper parlait déjà couramment la langue de Shakespeare et il s’intéressa très vite à la littérature d’outre-Manche. Un premier séjour londonien eu lieu en avril 1826, en compagnie des peintres Gérard et Delacroix, suivi d’un second la même année: il y rencontra notamment le miniaturiste Rochard, un ami de son père et son premier maître en peinture. En décembre 1832, le premier ministre français Adolphe Thiers l’envoya à Londres pour notamment faire un rapport sur les élections britanniques. On peut encore citer un séjour de quelques semaines au printemps 1835. Entre 1860 et 1869, il visita le pays chaque année, soit pour son propre agrément, soit pour des missions officielles en rapport avec les arts (organisation de la participation française à l’exposition universelle de Londres en 1862, du transfert de deux bustes romains du British Museum au Louvre en 1868).
En fait, Mérimée avait presque tout d’un anglais; il s’habillait à Londres, et Taine le décrivait ainsi : « Un homme grand, droit, pâle et qui, sauf le sourire, avait l’apparence d’un Anglais. Il avait cet air froid, distant, écartant toute familiarité » . Membre du prestigieux club Athenaeum, fondé en 1824, il possédait de nombreux amis intimes, comme Panizzi, le conservateur du British Museum, et oeuvrait pour le rapprochement franco-britannique, qui lui paraissait être la garantie de l’équilibre européen.
Ses relations lui permirent de rencontrer au moins une fois le duc de Wellington, en décembre 1840, dans sa demeure campagnarde du Hampshire, Stratfield Saye House; la visite avait été organisée par l’ancien aide de camp espagnol du duc, Miguel Ricardo de Alava.
Toutefois, il est difficile de déterminer la période de réalisation de notre croquis, exécuté sur le vif; cependant, l’allure du duc à cheval paraît encore relativement jeune, et le trait de plume de Mérimée semble bien inspiré de Vernet ou du baron Gros. Nous suggérons donc une datation vers la fin des années 1820, peut-être au moment du voyage de Mérimée à Londres en 1826.
Concernant la prédilection de Mérimée pour le dessin, son père dira: « Prosper barbouillera toute sa vie » . Et effectivement, il se saisira de toutes les occasions et de tous les sujets pour dessiner: voyages, admiration devant un paysage, études de monuments, caricatures à l’Académie française, illustrations de ses manuscrits, scènes vécues ou imaginées…