Pierre LACOUR, attribué à

Pêcheurs dans les fossés du palais Farnèse à Caprarola

Pierre Lacour, ancienne collection Ulmann
Pierre Lacour, Villa Médicis, musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Pierre LACOUR (1745, Bordeaux – 1814, Bordeaux), attribué à
Pêcheurs dans les fossés du palais Farnèse à Caprarola
Pierre noire sur papier Whatman
39 x 23 cm
Vers 1772


En l’absence de signature ou de preuve tangible, il est souvent assez difficile d’identifier les auteurs des dessins à la pierre noire et surtout à la sanguine, stylistiquement homogènes, réalisés dans les années 1755/1780 par les artistes français en Italie. Ici le côté estompé et assez dense de la pierre noire peut rappeler Joseph-Benoît Suvée, présent à Rome dans les années 1772/1773 ; mais, entre autres, les effets de lumière et le sentiment de la nature y sont moins marqués que chez le Brugeois.
Notre feuille présente un rendu plus doux de la pierre noire et, malgré son caractère très achevé, une grande poésie en émane, relevée par la présence de ce couple de pêcheurs, profitant presque inconsciemment d’un âge d’or disparu. Visuellement, le format vertical assez étiré accentue l’effet de contre-plongée choisi.

L’attribution à Pierre Lacour a été provoquée par un dessin de la collection Ulmann, de format similaire et de composition proche, provenant d’une série de feuilles de l’artiste. La feuille « Ulmann », tout en ayant des parties très détaillées, semble avoir été dessinée sur le motif, alors que la nôtre présente un côté plus fini et des éléments plus pittoresques comme les herbes et branchages poussant sur les murailles et surtout les deux figures. En dehors de la composition, la facture des balustres et de la pierre par exemple, sont tout à fait comparables ; un dessin conservé au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Vue des jardins de la Villa Médicis, reprend le côté « estompé » et présente une écriture similaire des feuillages.

Elève de Joseph-Marie Vien, Lacour effectua quasiment toute sa carrière à Bordeaux après son séjour d’étude romain de 1771 à 1774. Plutôt considéré comme un peintre d’histoire à ses débuts, c’est davantage pour ses portraits qu’il fut renommé, ainsi que pour sa célèbre vue du port de Bordeaux vers 1805. Fondateur et premier conservateur du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, il fut également le directeur de l’école de dessin et de peinture de la ville. Son fils Pierre fut lui aussi peintre et conservateur du musée.
C’est en compagnie de son concitoyen bordelais, et condisciple chez Vien, Jean-Joseph Taillasson (1745-1809), que Lacour se rendit à Rome vers 1771. Comme tous les artistes en formation au palais Mancini, il réalisa des dessins de paysages, dans un style où l’influence d’Hubert Robert est très présente, mais dont assez peu nous sont parvenus.

Située près de Viterbe et de Ronciglione, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Rome, la ville de Caprarola accueille sur ses hauteurs la Villa Farnèse, construite à la fin du XVIème siècle pour la puissante famille du même nom.
De nombreux artistes représentèrent les lieux sous des points de vue différents, comme Hubert Robert, Fragonard, Pierre-Adrien Pâris, Jean-Robert Ango, Barthélémy Lebouteux, Jean-Augustin Renard, Louis Chays par exemple.