Pierre François Léonard FONTAINE

Vue de l’intérieur de l’Eglise San Lorenzo fuori delle Mura à Rome

Planche N°100 correspondant à l'aquarelle
Aquarelle préparatoire de Fontaine

Pierre François Léonard FONTAINE (1762, Pontoise – 1853, Paris)
Vue de l’intérieur de l’Eglise San Lorenzo fuori delle Mura à Rome
Aquarelle et lavis sur traits de plume
28 x 24 cm
Vers 1785/1790
Oeuvre en rapport: planche N°100 du recueil Palais, maisons et autres édifices modernes, dessinés à Rome, paru en 1798, pour laquelle notre dessin est préparatoire
Provenance:
– Descendance de l’artiste
– Vente Binoche-Godeau à Drouot, 22/03/1991, lot N°21, vendu l’équivalent de 13 720 € au marteau
– Collection particulière


Architecte et décorateur néo-classique, Pierre François Léonard Fontaine est considéré avec son ami et collègue Charles Percier comme le créateur et le principal représentant du style Empire.

Notre dessin aquarellé a été exécuté lors de son séjour d’étude à Rome, entre 1785 et 1790, et a servi de modèle à la gravure (planche N°100) illustrant l’ouvrage paru à Paris l’an VI (1798), Palais, maisons et autres édifices modernes, dessinés à Rome.
Fontaine, reçu second au Prix de Rome d’architecture de 1785, était parti de lui-même, à ses frais, faire le voyage à Rome; il y retrouva l’année suivante son condisciple et ami Percier (qu’il avait connu et avec lequel il avait étudié dans l’atelier de l’architecte Antoine-François Peyre, dit Peyre le jeune), vainqueur du Prix de Rome d’architecture en 1786. En octobre, il put finalement bénéficier d’une pension royale qui facilita son séjour et lui permit d’intégrer le palais Mancini.
Très complices, Percier et Fontaine travaillèrent d’arrache-pied en binôme, un peu à l’écart des autres pensionnaires, et réalisèrent un très grand nombre (plusieurs milliers) de relevés ou plutôt de dessins d’architecture; Fontaine, en particulier, donne volontiers un côté artistique, voire théâtral, à ses travaux, au détriment d’une exactitude archéologique totale. Les vues intérieures respectent néanmoins la réalité architecturale, alors que les représentations extérieures, au lavis, peuvent parfois avoir un côté étonnamment romantique.
Revenant d’Italie en pleine tourmente révolutionnaire, Fontaine s’occupe de décors de théâtre et d’opéra, de papiers peints, en Angleterre et en France; l’orage passé, Fontaine et Percier décident sous le Directoire de tirer profit de leurs travaux italiens en les publiant par livraison dans l’album que sera Palais, maisons et autres édifices modernes, dessinés à Rome, et de propager leur goût pour le décor à l’antique. En 1799 ils rencontrent Joséphine; c’est le début de la carrière officielle…

Le recueil des Palais comprenait 100 planches; pour chaque palais était donné un plan, une élévation principale, une coupe et une vue perspective. L’ouvrage eut une grande influence et connut un grand succès commercial.
Parmi les édifices, on trouvait quelques églises, presque toutes paléochrétiennes, dont la basilique Saint-Laurent- hors-les-Murs (San Lorenzo fuori delle Mura), construite par l’Empereur Constantin au début du IVème siècle.
La composition de Fontaine montre au premier plan une partie de la nef, avec ses colonnes de granit à chapiteau ionien, puis le sanctuaire et son maître autel avec ses quatre colonnes en porphyre.
Nous connaissons une autre vue préparatoire de l’intérieur de l’église, de dimensions identiques à la nôtre, mais uniquement au lavis brun, avec un cadrage plus resserré sur l’autel, et avec un point de vue pris de la gauche.

Pour davantage de précisions sur les dessins « d’après l’antique » de Fontaine, on consultera l’excellent article de Michèle Heng (Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LXXI, 2011)