PAULIN GUERIN, Jean-Baptiste PAULIN dit

Portrait de Mademoiselle Mante, de la Comédie-Française

Portrait lithographié de Mlle Mante en 1822, d'après Singry

PAULIN GUERIN, Jean-Baptiste PAULIN dit (Toulon, 1783 – Paris, 1855)
Portrait de Mademoiselle Mante, de la Comédie-Française
Huile sur toile d’origine (Vallé et Bourniche, successeurs de Belot, rue de l’Arbre Sec N°3)
81 x 65 cm
1826-1827
Exposition: Salon de Paris de 1827, sous le numéro 518, titré Portrait de Mlle M.


Louise-Charlotte-Théophile-Delphine Escoffié, dite Mademoiselle Mante (1799-1849), entre à la Comédie-Française en 1822 grâce à la protection de Talma, et y sera sociétaire de 1823 à sa mort. Rivale de la célèbre Mademoiselle Mars, avec laquelle elle joue dans une représentation des Femmes savantes en 1822, le site de la Comédie-Française la décrit comme une « femme distinguée et spirituelle, musicienne et peintre à ses heures » . On lui reprochait parfois sa diction et son jeu un peu trop exagéré.
La comédienne est ici avantageusement représentée au sommet de sa beauté et de son charme, juste avant qu’elle ne commence à prendre un peu d’empâtement.
Le nacré des ongles, la transparence de la mousseline, la brillance des cheveux, la douceur du regard, la délicatesse des fleurs, ainsi que la palette harmonieusement chamarrée et la facture lisse de la touche, entre autres, font de cette peinture un véritable chef-d’oeuvre du portrait féminin à l’époque de la Restauration.

L’auteur, Paulin Guérin (sans rapport avec le miniaturiste Jean-Urbain Guérin ni Pierre-Narcisse Guérin) est lui aussi à l’apogée de sa carrière en 1827. C’est l’année où il expose le plus de tableaux au Salon : neuf portraits (dont ceux du roi Charles X et de Lamennais) et une scène d’Adam et Eve exilés du paradis (qui sera d’ailleurs présenté à titre posthume à l’Exposition Universelle de 1855). Natif de Toulon, mais ayant grandi à Marseille, le jeune Jean-Baptiste Paulin fit son apprentissage local dans le dessin, pour lequel il montrait des dons, et dans la serrurerie, le métier de son père. Il se rendit en 1802 à Paris, et fréquenta l’atelier de François-André Vincent et surtout celui du baron Gérard, dont l’influence est bien visible dans notre portrait. Assez rapidement, en 1810, il commence à exposer au Salon, partageant ses envois entre portraits et tableaux d’histoire, mythologiques ou religieux ; ses oeuvres attirent notamment l’attention de Vivant-Denon, qui lui confie la décoration d’un plafond des Tuileries.
Sous la Restauration, à côté d’une lucrative activité de restaurateur des tableaux de Versailles, son ami le comte de Forbin, directeur des musées royaux, permit à Paulin Guérin de rencontrer des personnalités importantes dont il fit les portraits: maréchaux, hommes politiques, la duchesse de Berry…, et même le roi Louis XVIII, qui le prit en amitié et lui octroya la Légion d’honneur en 1822.
Dès lors, notre artiste reçut régulièrement récompenses et nominations, tel le poste de directeur des études de dessin et de peinture à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis en 1828.
Consécration artistique et honorifique suprême, son ancien maître Gérard, quelque temps avant de mourir, répétait que c’était par lui seul qu’il aurait voulu être peint.