Rudolf MÜLLER (1802, Bâle -1885, Rome)
Vue d’Ariccia
Aquarelle
31 x 46,5 cm
Signé en bas à droite
Circa 1882
Provenance: collection Horner-Merian (Rodolphe Horner, 7, rue Cavour, Genève); reçu en cadeau de la part de l’artiste le 27 juillet 1882
Rudolf Müller fait partie des principaux artistes paysagiste suisses spécialisés dans les vues méditerranéennes au XIXème siècle. Très jeune (15 ans) il va régulièrement dans les Alpes suisses avec son ami Friedrich Horner (1800-1864), peindre des paysages pour les touristes, surtout anglais, et se constituer un pécule. C’est d’ailleurs grâce au soutien financier d’une famille anglaise que les deux artistes peuvent s’offrir un voyage de formation à Paris, puis réaliser leur rêve en s’installant dans la région de Naples en 1822. Ils y connaissent un grand succès, avant d’aller s’établir à Rome en 1835, où ils restent 13 ans, avec pour principaux clients des anglais et des russes. La situation politique délicate les oblige à quitter Rome en 1848 et retourner à Bâle. En 1864, Müller revient définitivement à Rome et s’y marie. Il repose dans le cimetière protestant de la ville.
Recherché avant tout pour ses aquarelles, qui constituent la majorité de son oeuvre, Müller se range dans la tradition des paysagistes « vedutistes »; mais s’il respecte la topographie et la réalité des sites, il leur donne une allure nettement plus idéalisée et quelque peu romantique. S’il conserve toute sa vie une palette chaude et méditerranéenne, sa fin de carrière, environ à partir de 1870, se caractérise par une touche presque pointilliste, bien illustrée par notre aquarelle, qui montre ainsi une évolution moderne de son style.
La ville d’Ariccia se situe à une trentaine de kilomètres au sud-est de Rome, dans les Monts Albains, dans le même secteur que Nemi, Albano et Castel Gandolfo, des sites qui, comme elle, faisait partie des étapes du Grand Tour des peintres. Lorsque la puissante famille Chigi dirige la ville à partir de 1661, elle commande au Bernin la construction de l’église Santa Maria Assunta, dont on reconnait le dôme sur la droite, ainsi que le Palazzo Chigi, situé à gauche de l’église. Le pont, à la demande du pape Pie IX, fut construit en 1854: il permettait, dans le prolongement de la via Appia venant de Rome, de passer au-dessus de la vallée pour accéder facilement à la ville construite sur un éperon rocheux.
Le point de vue adopté par Rudolf Müller est celui que retenaient souvent les artistes des époques précédentes, qu’on retrouve par exemple chez Corot en 1826, avec bien évidemment l’absence du pont. A l’arrière-plan se détache probablement la forme du Monte Cavo.