Henri-Théodore MANSSON

Lyon: l’église Saint-Nizier et la rue de la Fromagerie en 1841

Lithographie de Harding

Henri-Théodore MANSSON (1811, Rouen – 1850, Bruxelles)
Lyon: l’église Saint-Nizier et la rue de la Fromagerie
Aquarelle
18 x 12,5 cm
Signé et daté en bas à droite
1841


Mansson fut un aquarelliste talentueux, spécialisé dans les vues urbaines et les représentations d’édifices religieux.
Infatigable voyageur, il privilégia certes sa région d’origine avec des vues de Rouen, Lisieux, Saint Wandrille, Louviers, Bourg Achard, Evreux…, mais alla jusqu’à Paris, la Champagne (Troyes), la Bourgogne (Moret, Sens…), l’Aquitaine (Pauillac, Chateau Lafite…), … et Lyon.
Il exposa au Salon de 1834 à 1849.
Grand amateur du style troubadour et néo-gothique, c’était un familier des peintres décorateurs de théâtre qui oeuvraient dans ce genre pour les drames historico-romantiques de l’époque, comme Charles Cicéri, Edouard Despléchin (1802-1871), ou Charles Séchan (1803-1874). C’est probablement ce dernier, ami d’Alexandre Dumas, qui le présenta à l’auteur du Comte de Monte Cristo; vers le milieu des années 1840, il réalisa ainsi pour Dumas des projets pour le « châtelet » néo-gothique de son domaine de Port-Marly.

Cette vue est très proche (on peut même imaginer que Mansson s’en soit directement inspiré) et reprend quasiment le même cadrage qu’une lithographie de James Duffield Harding (1798-1863) datée de 1832. Des vues plus larges sont connues par les lithographies de Dauzats et de Bachelier d’après Chapuy, réalisées autour de ces années 1839/1840.
Parmi les rares oeuvres originales de l’époque représentant l’église Saint-Nizier figurent les dessins d’Hippolyte Leymarie.
Dans les années 1850 et 1860, d’autres lithographies seront produites par Fonville, Asselineau et Deroy.

Autant la représentation de Mansson de la façade Nord de l’église est fidèle à celles des autres gravures de l’époque, autant le bâtiment à l’angle de la rue abritant le café de la Fromagerie est d’un style complètement différent: Mansson en donne une représentation proche du XVI/XVIIème siècle, avec des fenêtres à meneaux, un mur en colombages au deuxième étage (semblant correspondre à une fenêtre condamnée), et un toit en tuiles légèrement pentu. A contrario, les lithographies de Harding en 1832 et de Deroy en 1865 montrent un immeuble de style Directoire, avec un toit plat et des fenêtres surmontées d’un fronton. Cette intéressante particularité s’expliquant probablement par le goût « troubadour » de Mansson, qui trouve ainsi plaisir à transformer la réalité.
On peut également souligner une forte proximité stylistique entre notre aquarelle et celles de l’anglais Thomas Shotter Boys (1803-1874).
L’intérêt de cette aquarelle prend une dimension supplémentaire quand on considère que l’oeuvre est datée de 1841, soit l’année suivante de celle où l’église est classée Monument Historique par l’Etat, sous l’impulsion de Prosper Mérimée.