
Louis MARCKL (Paris, 1807 – 1890)
Flagellation au couvent, illustration pour La Religieuse de Diderot
Aquarelle sur traits de crayon
14 x 9,5 cm
Signée en bas à gauche
Vers 1835
Malgré sa longue et prolifique carrière de dessinateur, graveur et illustrateur, nous ne savons presque rien de la vie de Louis Marckl. Elève de Jérôme-Martin Langlois et du graveur Louis-Pierre Henriquel-Dupont, il participa une seule fois au Salon en 1835, et était spécialisé dans la vignette d’illustration pour ouvrages de librairie et de périodiques.
Cette scène particulièrement perverse où des religieuses infligent une flagellation à une jeune fille pourrait correspondre, dans le roman de Diderot, à la persécution subie par la jeune novice Suzanne au couvent de Longchamp, lorsque la Mère Supérieure, la sœur Sainte-Christine, décide de la faire passer pour possédée en la conditionnant cruellement en ce sens :
« …la supérieure me dit, avec une voix forte et menaçante : Levez-vous…, et recommandez votre âme à Dieu. Madame, lui dis-je, avant que de vous obéir, pourrais-je vous demander ce que je vais devenir, ce que vous avez décidé de moi et ce qu’il faut que je demande à Dieu ? … Je regardais avec effroi ses trois fatales compagnes ; elles étaient debout sur une même ligne, le visage sombre, les lèvres serrées et les yeux fermés… Je crus, au silence qu’on gardait, que je n’avais pas été entendue ; je recommençai les derniers mots de cette question, car je n’eus pas la force de la répéter tout entière ; je dis donc avec une voix faible et qui s’éteignait : Quelle grâce faut-il que je demande à Dieu ? On me répondit : Demandez-lui pardon des péchés de toute votre vie ; parlez-lui comme si vous étiez au moment de paraître devant lui.
À ces mots, je crus qu’elles avaient tenu conseil, et qu’elles avaient résolu de se défaire de moi » .
Nous n’avons pas retrouvé d’édition de La Religieuse illustrée par Marckl, notre dessin correspondant peut-être seulement à un projet inabouti.