Louis-Etienne WATELET

Paysage des Alpes au torrent et à la scierie


Louis-Etienne WATELET (1780, Paris – 1866, Paris)
Paysage des Alpes au torrent et à la scierie
Huile sur toile
50 x 65 cm


Louis-Etienne Watelet était le fils d’un marchand-mercier. A l’instar de Lantara quelques décennies plus tôt, il fut un peintre amoureux de la nature et autodidacte, mais il est vraisemblable qu’il se soit tout de même formé auprès du paysagiste Valenciennes. Artiste à la production prolifique, jugé comme consciencieux et modeste, il exposa régulièrement au Salon à partir de 1799.

Au cours de la première partie de sa carrière, jusqu’au début des années 1830, il est un des fervents représentants du paysage néo-classique historique, mais avec un style bien différent de l’académisme prôné par Valenciennes ou Jean-Victor Bertin. Il reçoit de nombreuses récompenses lors des Salons, (il finira par être fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1825), peignant essentiellement des paysages d’Ile de France ou des sites italianisants, avec la participation fréquente de ses amis Taunay, Demarne ou Hippolyte Lecomte pour exécuter les personnages. La qualité de ses aquarelles est également reconnue. Dès les années 1810, il dirige un atelier fréquenté par de très nombreux élèves, parmi lesquels on compte Edouard Bertin, Caruelle d’Aligny, Lapito, Prosper Barbot, Alexandre Desgoffe… et même Paul Delaroche.

Vers 1830, sa peinture se dégage progressivement de tout aspect idéal, mythologique ou historique et étend son vocabulaire avec des sujets liés à la nature et à la ruralité: moulins à eau, torrents, chutes d’eau, sombres forêts de sapins, rochers, cabanes forestières… Il se spécialise dans les paysages de montagne et voyage dans les Alpes (Dauphiné, Italie, Tyrol…) et les Vosges. Sa palette devient plus froide et ses oeuvres ont quelque chose de Ruysdael ou surtout Everdingen. Toutefois, la critique lui reproche parfois sa nature quelque peu conventionnelle, voire pétrifiée, et la répétitivité de ses compositions. Avec justesse, Paul Marmottan loue malgré tout son talent distingué: « son feuillage net et délicat, ses groupes d’arbres très artistiques, son excellence à peindre les cascades et les lacs, » et souligne sa « fraîcheur de coloris et la légèreté de sa touche . » Des qualités partagées par le paysagiste romantique Paul Huet, qui disait de lui: « ses moulins, ses chutes d’eau, exécutés avec un rare talent de main, lui méritent un grand succès; son habileté pratique est bien supérieure à celle de ses deux rivaux Jean-Victor Bertin et Bidauld. Il fut bienveillant pour les nouveautés. Sa peinture est en grand honneur à Vienne et Berlin, où il fait vraiment école; il représente en effet un semblant d’émancipation. Il chasse les nymphes et les satyres. Il marche en dehors de l’école. » On peut également rappeler le surnom qui lui est donné dès 1819: Le grand maître des eaux et forêts

C’est clairement à cette deuxième partie de carrière de Watelet qu’appartient notre oeuvre. Il y règne une atmosphère paisible, davantage poétique que romantique, dans laquelle les personnages et la scierie apportent une dose de pittoresque. Un ciel bleu éclatant et la brillance des montagnes enneigées, ainsi que la robe rouge de la paysanne, viennent contrebalancer et illuminer les teintes sombres de la forêt.
Le cadre d’origine dans lequel est conservée la peinture laisse supposer une datation aux alentours de 1840.