Gabriel LEMONNIER

Etude pour La peste de Milan

Lemonnier - La peste de Milan

Anicet-Charles-Gabriel LEMONNIER (1743, Rouen – 1824, Paris)
Etude pour La peste de Milan
Pierre noire et rehauts de blanc sur papier peint en gris
38 x 24,5 cm
Oeuvre en rapport: La peste de Milan, exposé au Salon de 1785 sous le N°193 et aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen
Provenance: collection Jeffrey Horvitz


Notre dessin est une étude pour le personnage qui, à l’aide d’une perche, soutient le dais au-dessus de Saint Charles Borromée dans le tableau La peste de Milan (environ 4,90 x 3 m).

Après un premier apprentissage à l’école des Beaux-Arts de Rouen, Lemonnier poursuivit sa formation à Paris auprès de Vien. Ayant remporté le grand Prix de Rome de peinture en 1772, il séjourna à Rome à l’Académie de France, au Palais Mancini, jusqu’en 1784.

La peste de Milan fut sa première oeuvre d’importance à l’occasion de son retour en France; elle était destinée à la chapelle du séminaire Saint-Vivien de Rouen, et on la considère comme son chef d’oeuvre (même si son tableau le plus connu reste Le salon de Madame Geoffrin). La scène montre Saint-Charles Borromée, archevêque de Milan depuis 1563, portant les secours de la religion aux malades de la peste qui frappa la ville en 1576 (Milan connut une nouvelle et importante épidémie de peste en 1630); plus précisément, il donne le viatique à une jeune mourante, dont l’enfant est déjà contaminé, soutenue par une vieille femme, tandis que l’ange exterminateur, armé de son glaive, survole la scène de façon inquiétante. Charles Borromée fit preuve d’un grand courage lors de ce fléau, secourant riches et pauvres au milieu des grabats et s’exposant à l’épidémie; ses processions nu-pieds et corde au cou, afin d’obtenir la clémence divine, furent considérées comme l’explication première de la fin de ce malheur.
En France, la thématique de la peste milanaise fut auparavant traitée par Pierre Mignard dans un grand tableau (3,61 x 2,41 m) exécuté en 1656 et conservé au musée de Narbonne, puis par Jean-Simon Berthélemy (1743-1811) dans une oeuvre de 1778, un projet pour une coupole resté à l’état d’esquisse peinte, aujourd’hui conservée au musée de Houston, Texas. Elle le sera aussi par Guillaume-François Colson (1785-1850) en 1819, à l’occasion d’un tableau commandé par le préfet de la Seine, et visible à l’église Saint-Merri.

Lemonnier peignit des tableaux religieux, mythologiques, à sujets historiques, ainsi que quelques portraits, dont une grande partie est conservée au musée de Rouen. Il reçut la légion d’honneur et fut directeur de la Manufacture des Gobelins entre 1810 et 1816. Le Louvre conserve un important fonds de dessins.