Auguste LANCON

Portrait de lion

Delacroix tête de lion rugissant

Auguste LANCON (1836, Saint-Claude – 1885, Paris)
Portrait de lion
Aquarelle gouachée
20,2 x 16,2 cm
Signée en bas à droite


Fils d’un menuisier, après des études aux Beaux-Arts de Lyon en 1855, puis de Paris en 1858 (où il est l’élève pendant quelques mois du peintre néo-classique François Picot), Lançon se spécialise, en raison de son admiration pour Eugène Delacroix et surtout pour le grand sculpteur animalier Barye, dans la représentation d’animaux et en particulier de félins: dès le début des années 1860, il fréquente assidûment le Jardin des Plantes pour y réaliser de nombreux croquis.
C’est cependant avec un portrait qu’il expose pour la première fois au Salon de 1861; au total c’est près de 40 de ses oeuvres (tableaux et eaux-fortes) qui seront présentées au Salon jusqu’à sa mort, essentiellement des scènes animalières. Il est également connu pour ses sujets militaires très réalistes et sa couverture de la guerre franco- prussienne de 1870 et de la guerre des Balkans en 1877.
On n’oubliera pas non plus qu’il collabore avec Bartholdi pour la réalisation du Lion de Belfort.

Regard indistinct, un peu hautain, remarquable fierté d’allure, notre lion assume ici parfaitement son titre de roi des animaux, en conservant toutefois un côté « sympathique ».
Comme à l’accoutumée chez Lançon, la palette est plutôt sombre, mais l’artiste y introduit d’hardis éléments de coloriste.
Sans qu’elle en ait la même fougue ou force, notre oeuvre peut être rapprochée de l’aquarelle de Delacroix conservée au Louvre (18 x 19 cm) et réalisée une trentaine d’années auparavant.

Si la notoriété de Lançon reste aujourd’hui confidentielle, il fait partie à l’époque des artistes « forts », qui ont quelque chose de différent, apprécié de ses pairs ainsi que de la critique. L’historien de l’art Paul Mantz écrit ainsi à l’occasion du Salon de 1874: « toujours inquiet d’exprimer le mouvement et la vie, les lions et
les tigres de M. Lançon ont de superbes allures, quelques-uns de ces animaux ont même une sorte de grandeur sculpturale. Il est triste d’avoir à dire que bon nombre de visiteurs auront perdu, devant les oeuvres doucereuses de peintres médiocres, un temps qu’ils auraient mieux employé à contempler cette rugissante ménagerie.
 »
Dans une note biographique sur Lançon datant de 1887, l’historien de l’art franc-comtois Bernard Prost confirme les mérites de l’artiste: « Nul, depuis Barye, n’avait étudié et ne possédait mieux les grands félins. Sans se lasser, sans se répéter jamais, il savait trouver, pour rendre le monde des bêtes, une interprétation nouvelle, un peu violente, mais d’un superbe style et d’une puissante originalité. Ses eaux-fortes, ses dessins, ses simples croquis d’animaux constituent une des meilleures parts de son oeuvre… Qu’il s’agisse du lion, du tigre, de l’ours, de l’éléphant et du singe, ou de l’âne, du chien, du chat et du cochon, groupes et individus sont saisis au vif, esquissés audacieusement à grands traits, étonnants de structure, de mouvement et de caractère. »

Musées: Louvre, Dole, Mâcon, Pontarlier…