Jean-Rodolphe GAUTIER

Paysage d’Italie au pont et à la forteresse


Jean-Rodolphe GAUTIER (1764, Genève – c. 1820)
Paysage d’Italie au pont et à la forteresse
Huile sur toile
Diamètre: 29 cm
Signée et datée à gauche vers le milieu
179?


Il est toujours très excitant et intéressant de redécouvrir des oeuvres d’artistes quasi oubliés aujourd’hui mais qui appartenaient à des courants artistiques en vogue à l’époque. C’est le cas de Jean-Rodolphe Gautier (on trouve l’orthographe Gauthier jusqu’en 1795), décrit en ce temps comme peintre de paysages, de marines, et de sujets militaires.
Ingénieur géographe de formation, Gautier est à Rome en 1787, et partage son domicile (rue del Babuino) avec l’architecte parisien Louis-Pierre Félix (?) et son compatriote genevois Jean-Pierre Saint-Ours; il s’y trouve encore en 1789, date à laquelle il envoie trois peintures au Salon de Genève. Ses premières participations (paysages dessinés et peints) au Salon de Paris datent de 1793, et il est alors domicilié rue de Bagneux à Paris. En 1795, il expose une aquarelle et deux tableaux (Marine napolitaine et Vue d’Italie prise au soleil couchant). En 1796, il présente deux vues d’Italie sous le même numéro du livret, et notre tondo pourrait correspondre à l’une de ces oeuvres. C’est à la fin des années 1790 qu’il rencontre Giuseppe Bagetti, qui le fait alors travailler à ses côtés pour réaliser des aquarelles illustrant les campagnes de Bonaparte.
Gautier devient rapidement peintre du dépôt de la guerre, topographe et peintre officiel de la Grande Armée. Il expose en 1801 et 1802 des tableaux acquis par Bonaparte et aujourd’hui conservés à Versailles (Passage de l’infanterie française sous le fort de Bard, Combat du pont de la Chiusella). Versailles conserve aussi une aquarelle représentant le Passage du Grand Saint Bernard par l’armée française, et le domaine de Malmaison une Vue de la bataille de Marengo (aquarelle d’après Bagetti)
On note une Vue de Rivoli exposée au Salon de 1814, et des Vues de Genève et Vues d’Italie en 1817, pour ce qui semble être sa dernière participation au Salon.
Une ordonnance de Louis XVIII du 9 avril 1817 lui accorde des Lettres de déclaration de naturalité, le décrivant comme colonel d’Etat-Major chevalier de l’ordre du Mérite Militaire et de la Légion d’Honneur.

Son patronyme assez commun ne doit pas le faire confondre avec un peintre du nord de la France (professeur à l’école de dessin d’Arras), ni, selon toute vraisemblance, avec un autre Gautier, de Genève lui aussi, portraitiste en miniatures sur émail qui expose au Salon de Paris en 1810 et en 1812 (avec une orthographe Gauthier). Ce miniaturiste serait en fait Pierre-Gabriel Gautier, né à Genève en 1755, et élève en 1784 du miniaturiste sur émail Jean-François Favre (1751-1807). La confusion existe pourtant bel et bien dans le Schidlof (dictionnaire des miniaturistes), et dans la notice du grand tableau (85 x 100 cm) de Jean-Rodolphe Gautier vendu par la galerie Matthiesen il y a quelques années (https://matthiesengallery.com/artist/gautier-jean-rodolphe).

La notice de Matthiesen indique que leur tableau fut précédemment attribué à Gauffier, puis à Bertin, avant que ne soit découverte sa signature, ce qui peut parfaitement se comprendre. Pour ce qui est de notre tableau, la principale référence stylistique semble être Bidauld (qui produit ce genre de paysages dès la fin des années 1780), notamment dans la facture de l’eau et des remous. Quant à la composition (et aussi au côté paysage historique), elle est très proche de Bertin, qui par ailleurs apprécie les formats ronds, qu’il expose plusieurs fois au Salon, comme en 1796.