Jean-Louis PREVOST, dit le Jeune (1745, Nointel – 1827, Paris)
Vase de fleurs sur un entablement de marbre
Gouache
40 x 32 cm
Vers 1780
La biographie de Jean-Louis Prevost a pu récemment bénéficier de nouveaux éclairages avérés, grâce à la remarquable étude de Gabriela Lamy sur la fratrie des Prevost, réalisée dans le cadre du programme de recherche du château de Versailles « Le végétal dans les grands jardins européens à l’époque moderne ».
Fils d’un vigneron de l’Isle-Adam, Jean-Louis Prevost, à la suite de deux de ses frères Jean-Jacques (né en 1736) et Guillaume (1738-1788), reçoit pendant deux années (1761 et 1762), grâce à la recommandation de Nicolas Cochin, l’enseignement du peintre de fleurs et animalier Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) à la manufacture de porcelaine de Sèvres.
Les frères Prevost sont alors engagés pour cinq ans par le fermier-général Jacques-Jérémie Roussel (1712-1766), un des fondateurs de la manufacture de porcelaine de Vincennes, grand collectionneur et passionné de jardins et de botanique; Roussel les charge d’illustrer (plus de 1800 dessins) le recueil Horti Cellensis, qui représente toutes les plantes du jardin de son château de La Celle Saint-Cloud.
Puis, alors que Guillaume poursuit sa spécialisation dans les planches botaniques (il travaillera à Trianon pour le roi et accompagnera La Pérouse dans son expédition sur l’Astrolabe), Jean-Jacques et Jean-Louis développent un registre plus artistique et deviennent membres de l’Académie de Saint-Luc. Les deux frères possèdent un style très proche (leurs oeuvres sont parfois confondues), et recueillent vite admiration et critiques élogieuses aux expositions auxquelles ils participent (Académie de saint-Luc, Salon de la Jeunesse, Salon du Colisée…). Le marchand Le Brun écrit ainsi en 1776: « Les fleurs, les oiseaux et les fruits de Messieurs Prevost ont attiré tous les yeux et étaient précieusement peints. Encore un peu d’application et ils seront les Van Huysum de la France » .
Le compliment est flatteur et juste, mais en fait, les Prevost, et en particulier Jean-Louis, constituent plutôt une synthèse ou un chaînon entre l’exubérance éclatante de Van Huysum et la précision presque scientifique de Redouté. Ils font partie des premiers représentants de ces artistes qui concilient réalisme botanique et compositions délicates à l’ambiance poétique.
Avec sa quasi contemporaine Anne Vallayer-Coster (1744-1818), il produit ainsi dès le début des années 1770 des oeuvres à l’esprit très « Marie-Antoinette », presque champêtre, peut-être encore plus perceptible dans ses oeuvres sur papier; les compositions intègrent souvent des nids d’oiseau ou des objets domestiques comme des corbeilles ou nécessaires à couture, qui évoquent la douceur de vivre. Mais contrairement à Vallayer-Coster, qui s’illustre aussi régulièrement dans le portrait, la scène de genre, ou encore la nature morte animalière, Prevost se concentre sur les fleurs et les fruits.
Prevost et Vallayer-Coster sont suivis par les peintres flamands et hollandais, qui viennent s’installer à Paris à la même époque. Gérard Van Spaendonck est assez proche de Prevost, et il sera d’ailleurs peintre du cabinet de Marie-Antoinette; Van Dael, Van Pol et Van Os arrivent un peu plus tard, et si leurs oeuvres sont tout aussi raffinées, avec ce même mélange de réalisme botanique et de poésie, l’ambiance est désormais un peu moins « légère », et à vrai dire plus néo-classique.
Dans ces dernières années de l’ancien régime, Jean-Louis Prevost est collectionné par de grands amateurs, comme Blondel de Gagny, le prince de Conti, ou le marquis de Livois. Il participe au Salon à partir de 1791, et y expose jusqu’en 1802. En 1793, il obtient un logement à la manufacture des Gobelins, qu’il conservera presque jusqu’à la fin de sa vie.
Malgré la qualité de ses oeuvres et son grand succès, Prevost n’occupera pas de fonction officielle dans le milieu artistique, et on ne lui connaît, à ce jour, ni atelier ni élèves.
Musées: Angers, Dijon, Besançon, Langres, Stockholm…