Jean-Charles Joseph REMOND, attribué à

Etude de chêne


Jean-Charles Joseph REMOND (1795, Paris – 1875, Paris), attribué à
Etude de chêne
Huile sur papier marouflée sur toile
51 x 37,5 cm
Provenance: peut-être le N° 49 de la vente d’études peintes par Remond du 21-23 février 1842, titré Buisson de chêne à Fontainebleau


Fils d’un imprimeur, Remond devient très tôt l’élève de Regnault, mais c’est Jean-Victor Bertin (son maître aux Beaux-Arts de Paris dès 1814, année de sa première participation au Salon), qui le dirige tout droit vers le Grand Prix de Rome du paysage historique en 1821 avec Proserpine et Pluton. Cet excellent dessinateur a alors une touche précise et léchée qui convient aux règles du genre. Mais dès son arrivée à Rome, il découvre la nature et la peinture de plein air; au cours de ce premier séjour italien, qui dure cinq années, il peint de nombreuses études de petit format, avec une touche devenue parfois plus large et crémeuse, et une grande qualité de luminosité. Ses sujets sont aussi bien les sites intra-muros de la ville éternelle que la campagne et les zones plus montagneuses; il descend également jusqu’à Naples et Paestum. De retour à Paris, Remond se découvre des velléités pédagogiques, et en même temps qu’il ouvre un atelier en 1827 (où il formera notamment Théodore Rousseau), il publie deux traités théoriques, « Principes de paysages » et « Cours complet de paysages », tout comme l’avaient fait avant lui Pierre-Henri de Valenciennes ou encore Alphonse Mandevare.
Dans les années 1830, il effectue des séjours en Suisse, dans les Vosges, en Auvergne. En 1842, Remond retourne plusieurs mois en Italie, s’attardant particulièrement en Sicile. Il termine sa carrière en peignant des paysages essentiellement normands ou franciliens.

Plutôt qu’à Jules Coignet, à qui on pourrait légitimement penser au premier abord, nous préférons donner cette magnifique étude à Remond. L’artiste réalisa lors de sa formation auprès de Bertin plusieurs études d’arbres en forêt, notamment à Compiègne, dans lesquelles il montrait déjà une facture très minutieuse, mais moins libre et naturaliste qu’ici. De même, on rencontre ce sens du détail et d’une végétation fouillée dans certains petits tableaux italiens de l’artiste: Le temple d’Esculape dans les jardins Borghèse (1823, 21,5×29,8 cm, vente 13/12/2017,N°57, Drouot), ou encore Le tombeau de Virgile (1826,24,5×19 cm, vente 25/11/1998, N°80, Drouot).
On connaît de Remond de nombreuses études d’arbres: platane, chêne vert, noyer, orme, pins…, exécutées en Italie ou en France.
Dans notre tableau, la nature est traitée avec un réalisme très poussé, élégant et raffiné. La minéralité et les entrailles du sol sont au moins autant mises en vedette que le feuillage et le tronc de ce vénérable chêne. La composition est particulièrement intéressante: aidée par l’existence d’un talus, elle divise l’espace en deux sur un axe horizontal, donnant l’impression au spectateur d’être enfoui dans la terre et d’avoir le sol au niveau des yeux. L’ensemble rappelle fortement le tableau de 1822 de Heinrich Reinhold (1788-1825) conservé à la Kunsthalle de Hambourg.