Estampe correspondante
Jean-Baptiste HILAIRE (1753, Audun le Tiche – 1822), attribué à
Ruines d’un temple à Euromus (Asie mineure)
Lavis d’encre grise sur traits de plume à l’encre grise et sépia
17 x 24,5 cm
Vers 1778
Oeuvre en rapport: gravure N°105 du « Voyage Pittoresque de la Grèce »
Notre dessin correspond à la planche N°105 du « Voyage Pittoresque de la Grèce », illustrant le chapitre XI de l’ouvrage du Comte de Choiseul-Gouffier publié en 1782, et qui comprenait des gravures d’après les dessins de Jean-Baptiste Hilaire.
Le texte dans l’ouvrage précise que les ruines de ce temple se situent à une petite lieue au sud de la ville de Kiselgick (probablement le nom turc de la cité grecque de Mandelet), et qu’avec à leurs côtés les restes d’un théâtre, elles appartenaient à l’ancienne cité d’Euromus. Construit en marbre blanc, périptère (c’est-à-dire entouré de colonnes sur ses quatre côtés,) hexastyle (six colonnes en façade) et corinthien (chapiteau des colonnes décoré de feuilles d’acanthes), le temple comportait encore 16 colonnes, dont la plus grande partie cannelées et les autres lisses.
Euromus était une ville très ancienne de Carie, fondée, selon Etienne de Byzance, par Euromus le fils d’Idrieus et petit-fils de Car, qui donna son nom à la région. Elle appartint aux Macédoniens, puis un moment à Rhodes, avant de passer sous tutelle romaine. C’est à cette période que le temple aurait été construit, au IIème siècle après JC, grâce au mécénat du médecin Ménécratès auquel font références des inscriptions sur plusieurs colonnes. La peste empêcha la fin de sa construction et fut à l’origine de la disparition de la cité.
Les ruines existent toujours aujourd’hui.
Natif de la Moselle, Hilaire arrive à 15 ans à Paris et entre à l’académie royale de peinture ; élève du peintre d’architectures Charles Clérisseau, il est pris en amitié par Jean-Baptiste Leprince, lorrain comme lui, et qui lui communique peut-être le « virus » de l’Orient. En 1776, il embarque sur le vaisseau L’Atalante, pour un périple dans les îles grecques et en Asie mineure, en tant que dessinateur attitré du comte Choiseul-Gouffier (qui sera ultérieurement nommé ambassadeur à Constantinople).
Les conditions de travail des artistes voyageurs n’étaient pas aisées, et ils étaient parfois pris pour des espions. Souvent, ils étaient obligés de réaliser rapidement leurs croquis, utilisés ensuite pour l’exécution de la composition finale.
Il est ainsi possible que notre dessin soit une des premières études de Hilaire réalisée sur place, avec une composition légèrement moins achevée que la gravure correspondante (en sens inversé): dans celle-ci, seront ainsi ajoutés sur la partie gauche du dessin, un quatrième personnage assis dans le groupe de gauche, un chien au milieu de ce groupe et des fusils; les positions des deux personnages de droite seront légèrement modifiées, et la composition sera un peu élargie sur leur droite, animée par un cavalier.