Giovanni Maria DELLE PIANE (Gênes, 1660 – Monticelli d’Ongina, 1745)
Portrait de jeune aristocrate génois, vraisemblablement Ippolito Durazzo
Huile sur toile
1,08 x 0,83 m
Vers 1700
Provenance :
– Galerie La Scala, Paris, fin du XXème siècle
– Collection Nino Ferrari, Gênes, 1922
Exposition : Mostra della pittura italiana del Seicento et del Settecento, 20 avril – 6 novembre 1922, Florence, Palazzo Pitti, n° 707 du catalogue
Notre portraitiste, également connu sous son surnom de Mulinaretto, hérité d’un grand-père meunier, commence à l’âge de dix ans à fréquenter l’atelier de Giovanni Battista Merano (1632-1698), où il restera jusqu’en 1676, date à laquelle il s’installe à Rome pour se perfectionner auprès de Baciccio (un génois lui aussi), et fait preuve d’une grande capacité à traduire les physionomies humaines. De retour à Gênes en 1684, il y développe une clientèle locale, comme les puissantes familles Durazzo, Doria, Pallavicini ou Grimaldi.
Gênes reste son « port d’attache », mais Delle Piane effectue plusieurs séjours à Parme, Milan, Naples, et compte parmi ses modèles les membres des familles princières ; en revanche, il déclinera l’invitation à se rendre en Espagne d’Elisabeth Farnèse, épouse de Philippe V, et qu’il avait portraiturée à l’occasion de son mariage.
Les premiers portraits de Delle Piane empruntent à la manière traditionnelle génoise, plutôt austère, de peintres baroques comme Giovanni Bernardo Carbone (1616-1683), lui-même émule de Van Dyck. Puis, vers la dernière décennie du XVIIe siècle, l’artiste renouvelle son style, s’inspirant fortement (tout comme ses confères génois Parodi ou Vaymer) du portrait français dans le genre de Rigaud et de Largillière. caractérisé par une « mondanité » agréable, une invention raffinée voire somptueuse des fonds, et des poses élégantes.
C’est le cas de notre œuvre, avec ses drapés majestueux, gonflés et riches de reflets métalliques donnés par des coups de pinceau virils, la position des mains et la souplesse des doigts.
Mais, contrairement à certaines reprises parfois serviles de Rigaud, Delle Piane imprime ici son style, avec un fond au ciel presque dramatique (qu’on retrouvera chez les portraitistes anglais autour de 1800), et le visage dur, au regard très pénétrant, de ce beau jeune homme.
Le modèle pourrait être un sénateur de la République de Gênes, Ippolito Durazzo (1677 – 1705), dont Rigaud avait réalisé le portrait (fig. 1) lors de la venue de ce dernier à Versailles en 1698.
Le tableau, conservé dans son superbe et spectaculaire cadre d’origine, figurait dans la rétrospective référence sur la peinture italienne baroque, organisée au Palais Pitti à Florence en 1922.