Gabriel PRIEUR

Subiaco, le monastère de Sainte Scholastique

Attribué à Gauffier - Musée de Lille
Prieur, dessin du musée de Montpellier

Gabriel PRIEUR (1806, La Ferté-Gaucher – 1879, Paris)
Subiaco, le monastère de Sainte Scholastique
Huile sur papier marouflée sur toile
30 x 40 cm
Signée en bas à gauche
Probablement 1838
Provenance :
– Paris, Drouot, vente du 18/12/2009, Maître Delvaux, lot numéro 73 du catalogue
– Descendance familiale de l’artiste


Issu d’un milieu d’artisans – son père ainsi que son oncle, dont il épousera la fille, sont armuriers – Gabriel Prieur se forme à la peinture de paysage auprès de Jean-Victor Bertin. Dès 1831, il expose au Salon un Intérieur de forêt et un Paysage historique avec Métabus roi des Volsques. En 1833, il remporte le grand prix quadriennal de paysage historique avec le sujet imposé Ulysse et Nausicaa. Ce prix lui permet de se rendre en Italie parfaire sa formation, aux frais de l’Etat, entre 1834 et 1838. A l’instar de ses confrères, il réalise sur place un grand nombre de dessins et d’études de paysage sur le motif.
Ces œuvres qui constituent son fonds d’atelier seront conservées précieusement par sa descendance jusque dans les années 2000, avant d’être dispersées en ventes publiques. Ces ventes dévoilent par ailleurs son intérêt pour la photographie car il possédait quelques très beaux clichés primitifs dus entre autres à Gustave Legray, Edouard Baldus ou à son ami André Giroux, peintre et photographe paysagiste. Les études à l’huile de Prieur se caractérisent par une clarté de composition et par une tendance à la synthétisation ; ainsi certaines peuvent être rapprochées des études d’Italie de Corot, lui aussi élève de Bertin.

Les titres des tableaux présentés au Salon (Prieur y exposera irrégulièrement des sujets italiens, jusqu’en 1875) ainsi que ceux de son fonds d’atelier nous renseignent sur les lieux visités par Prieur. Rome et ses environs immédiats bien sûr, mais aussi Narni, Ariccia, Civita Castellana, et d’autres localités pittoresques, étapes obligées des artistes cultivant le “talent de s’asseoir”, c’est-à-dire de choisir une vue intéressante avec un cadrage judicieux.
Subiaco, localité située à l’est de Rome dans les montagnes de la Sabine, abrite deux anciens monastères liés à l’ordre des Bénédictins, et séparés de quelques kilomètres : le Sacro Speco ou Sainte Grotte, communément appelé monastère de San Benedetto, qui a la particularité d’être bâti à flanc de falaise et l’abbaye Sainte-Scholastique, du nom de la soeur de Saint-Benoît.
Si un grand dessin (54 x 113 cm) panoramique de Prieur, conservé au musée Fabre de Montpellier, permet de situer Sainte Scholastique par rapport à la ville de Subiaco, notre étude concentre le regard sur l’abbaye, et la vue en contre-plongée, prise du chemin longeant en surplomb les bords de la rivière Aniene (un affluent du Tibre étant aussi appelé Teverone) nous montre le complexe monastique dans toute son amplitude. On retrouve ce point de vue très spectaculaire et efficace dans un tableau du musée des Beaux-Arts de Lille, qui serait du au pinceau de Louis Gauffier.

La touche fluide et crémeuse permet de donner un aspect velouté à l’herbe et aux rochers de la pente en contre-bas de l’édifice, et de mieux faire ressortir les nuances et le relief des façades du bâtiment, tandis que le gris-bleu du ciel et les vapeurs de brumes traduisent le côté dramatique de ce lieu isolé.
D’autres œuvres de Prieur situées à Subiaco et datées nous donnent 1838 comme date d’exécution de notre peinture.