François GRENIER de SAINT-MARTIN

Marins du Havre près de la tour François 1er

Lithographie de Bellay reprenant le tableau du Salon

François GRENIER de SAINT-MARTIN (1793, Paris – 1867, Paris)
Marins du Havre près de la tour François 1er
Plume et lavis d’encre brune
15 x 20 cm
Signé à gauche vers le bas
1823 ou 1824
Oeuvre en rapport: tableau exposé au Salon de 1824, sous le N° 814, titré Groupe de marins, appartenant à la collection de la duchesse de Berry, pour lequel notre dessin est préparatoire. Le tableau est reproduit en lithographie dans l’album « Galerie de son Altesse Royale Madame la duchesse de Berry » (publié sous la direction de Féréol Bonnemaison), dans le même sens que notre dessin


François (ou Francisque-Martin) Grenier de Saint-Martin, qui signait souvent F. Grenier ou bien François Grenier, se forma d’abord auprès de Guérin, qui lui fit faire des progrès si rapides, qu’il commença très jeune à exposer au Salon, avec en 1810 une Atala mourante pour laquelle il reçut une médaille; il est alors élève de Jacques-Louis David.
Après des portraits et des scènes de bataille au début de sa carrière, il se spécialisa ensuite dans des scènes de genre rustiques: représentations de matelots à terre, scènes paysannes et de chasse… ces dernières le rendant très populaire grâce à leur diffusion par la lithographie. Il reçut des commandes de Louis-Philippe pour la galerie des Batailles de Versailles, et Napoléon III lui acheta des tableaux de chasse au Salon de 1857.
Fils d’un ancien colon de Saint-Domingue (qui fut probablement acteur), il effectua des voyages en Espagne et en Italie. Ses deux enfants furent également peintres et exposèrent au Salon à partir de 1857.

Son style, parfois assez proche de celui de Leprince, est assez facilement reconnaissable. La critique évoquait « un coloris brillant, une touche libre des fonds légers et frais de ton« , et Charles-Paul Landon écrivait en particulier: « une naïveté d’expression qu’il sait conserver à ses personnages,…, exécution aimable, simple et facile, …, couleur, sinon toujours forte, du moins toujours vraie » . Certains de ses confrères, comme Rémond, firent appel à lui pour réaliser les figures de leurs tableaux.

Le thème des matelots est récurrent chez lui autour de 1824. En 1822, il peint ainsi Deux matelots sur le bout d’une jetée (Salon de 1822), Un matelot appuyé contre une palissade (Salon de 1824, acquis par la duchesse de Berry, et vendu par notre galerie à un collectionneur privé), Vue de la rade du Havre par un temps de brume (Salon de 1824), Marins normands et américains (Salon de 1824, aquarelle) Il exécute aussi des lithographies (comme Matelots normands et bretons) sur ce sujet vers 1826/1827.
Sur cette même thématique, il réalise ce Groupe de marins (huile sur toile, 31 x 39 cm) pour le Salon de 1824, qui ouvre ses portes le 25 août, et où Grenier ne présente pas moins de douze oeuvres. Le titre du tableau ne précisait pas la localisation havraise, mais on reconnaît sans peine la forme massive de la tour François 1er à l’entrée du port, près de la jetée avec son muret. Edifiée en 1520, la tour fut détruite au début des années 1860.
Le tableau était reproduit en lithographie par François Bellay dans le tome II de la « Galerie de son Altesse Royale Madame la duchesse de Berry » , avec le commentaire suivant: « C’est ce caractère simple et naïf qui fait le mérite du tableau de M. Grenier : on peut dire sans métaphore que ses matelots sont parlants: ils n’ont pas seulement le costume de leur état, ils en ont les gestes, les moeurs franches et grivoises. Ils ont plus d’une fois bravé les flots et les tempêtes. Arrivés au port, ils aspirent à de nouveaux périls ! Ce tableau est d’un ton argentin, d’une finesse de couleur et de touche qui, malgré son peu d’importance, en font un ouvrage aussi remarquable que précieux » .
Il existe quelques différences entre notre dessin et le tableau (et par conséquent la lithographie): non présent dans le dessin, un chien est allongé aux pieds du marin de gauche; le marin le plus à droite du groupe de trois, qui a les mains dans les poches dans le dessin, réajuste son chapeau avec ses deux mains dans le tableau, où il porte un pantalon de couleur plus claire; le marin du centre porte une blouse de couleur claire dans le tableau, alors qu’il est vêtu d’un tricot rayé et porte des bretelles dans le dessin ; le matelot appuyé sur le muret porte un chapeau différent, et la mouette au-dessus de sa tête aura disparu dans le tableau; purement cylindrique dans le tableau, la tour François 1er semble avoir une forme plus évasée vers le bas dans le dessin.