Achille DEVERIA

L’Assomption de la Vierge

Achille Deveria - Tableau de Fougères

Achille DEVERIA (1800, Paris – 1857, Paris)
L’Assomption de la Vierge
Encre métallique, crayon, traces de mise aux carreaux
43,5 x 28,5 cm
Signée en bas à droite
1835
Oeuvre en rapport: tableau présenté au Salon de 1836 sous le N°544, et conservé depuis 1836 dans l’église Saint-Léonard, à Fougères


Ce dessin est une étude préparatoire pour le tableau exposé au Salon de 1836, qui débuta le 1er mars.
Il existe plusieurs différences avec la version peinte: ainsi on compte seulement quatre anges soutenant la Vierge, contre six dans la version finale, et leurs attitudes ne sont pas les mêmes; de même la Vierge passe d’une position presque assise à une station plus verticale; le paysage d’arrière-plan reste quelque peu montagneux, mais la ville de notre étude semble avoir disparu.
En dehors d’une aquarelle présentée en 1834 (Zacharie et Saint-Jean), il s’agit de la première oeuvre à thématique religieuse qu’Achille Devéria envoie au Salon, ce qu’il fera ensuite régulièrement jusqu’en 1850.
Le tableau fut remarqué par la critique et bénéficia d’un article assez élogieux dans la revue Le Magasin Pittoresque, qui soulignait aussi le talent révélé de Devéria en tant que peintre, après une lucrative carrière de vignettiste et illustrateur: « Ce qui distingue éminemment cette Assomption de la Vierge c’est l’arrangement plein de goût et de grâce des personnages; les anges sont harmonieusement entrelacés, de manière à former cette charmante corbeille, qui porte au ciel cette pure et suave fleur de beauté. L’expression des têtes de ces anges est ravissante d’extase et de joies enfantines; il n’y a que pureté, chasteté et simplicité toutes virginales dans l’attitude et le vêtement de la mère du Christ. » L’article était illustré par la reproduction d’un fac-similé de son tableau que Devéria avait envoyé à la revue.
A contrario, la revue L’Université catholique était sévère avec l’ensemble des tableaux religieux du Salon: « … pensée factice, exécution routinière, absence de toute conviction réelle… » N’y échappèrent ni Delacroix avec son Saint-Sébastien, ni Devéria et son Assomption, jugée « dans le style des vignettes des Evangiles et des Initiations pittoresques que de misérables exploitations de Librairie multiplient, au scandale de la religion et de l’art. »

La présence du tableau à Fougères présente une double explication:
– Achille Devéria et son frère Eugène étaient des familiers de Victor Hugo et de sa maîtresse (depuis 1833) Juliette Drouet, originaire de Fougères.
– Surtout, ils étaient amis avec Jean-Marie Binel, membre du conseil de fabrique de l’église Saint-Léonard de Fougères. A l’occasion d’un séjour des deux frères à Fougères à l’automne 1833, et afin de de redécorer l’église suite aux dégâts révolutionnaires, Eugène reçut la commande de quatre tableaux à thème christique (L’adoration des Mages, Le Christ au milieu des docteurs, La descente de croix, La résurrection), qui furent en place le 5 janvier 1835.
Deux autres toiles furent alors commandées, une cinquième par Eugène (La résurrection de Lazare), Achille étant chargé d’une Assomption de la Vierge.
Enfin, Eugène exécuta un dernier tableau, de dimensions plus petites, La présentation au Temple, pour la chapelle des fonds baptismaux.

Aujourd’hui seuls La résurrection de Lazare d’Eugène et l’Assomption de la Vierge d’Achille se trouvent dans l’église. La présentation au Temple se trouve à l’hôtel de ville de Fougères; les quatre autres tableaux d’Eugène sont placés dans la chapelle du couvent des Urbanistes.

Notamment en référence à ces tableaux, l’historien de l’art Philippe Bonnet décrit Eugène Devéria comme « le peintre le plus baroquisant de la génération romantique », mais le commentaire peut également s’appliquer à Achille et cette Assomption.
Il existe une aquarelle d’Achille, de localisation actuelle inconnue, titrée L’Assomption de la Vierge, qui figurait au catalogue, sous le N° 1276, de la vente Müller (lithographies et dessins), 20 mai 1903, Strasbourg, et qui elle-même correspondait probablement au N°44 du catalogue de la vente après-décès d’Achille.