Claude-Louis DESRAIS

La signature du Concordat par Pie VII et Napoléon Bonaparte, le 16 juillet 1801


Claude-Louis DESRAIS (1746, Paris – 1816, Paris)
La signature du Concordat par Pie VII et Napoléon Bonaparte, le 16 juillet 1801
Plume, encre de Chine et lavis de bistre, rehauts de gouache blanche
20 x 30,2 cm
Signée en bas à gauche


Desrais est connu pour ses charmants dessins représentant les scènes de la vie quotidienne parisienne et ses petits métiers, ainsi que pour ses vignettes d’illustration. Elève de Cochin et de Francesco Casanova à l’Académie Royale de Peinture, il a aussi réalisé de nombreuses compositions historiques décrivant des scènes de la Révolution, de l’Empire et du début de la Restauration. Son style est assez aisément reconnaissable, avec un trait gracile et l’usage des rehauts de blanc.

Signé à 2 heures du matin dans le cabinet de Bonaparte aux Tuileries, le texte du Concordat déclare la religion catholique « religion de la grande majorité des citoyens français » et abolit la loi de 1795 séparant l’Église de l’État. En contrepartie, le Saint-Siège reconnaît le Consulat et accepte que les évêques soient nommés par le Premier consul. Cette signature met fin à 10 ans de querelles entre le Vatican et la France, et assure le retour de la paix religieuse dans le pays. Le Concordat sera promulgué le 8 avril 1802 et Pie VII sacrera Napoléon empereur en 1804.

L’iconographie la plus célèbre de cet événement est le magnifique dessin au lavis (48×60 cm) du baron Gérard, exécuté en 1802/1803, et conservé à Versailles.
Au-delà des aspects stylistiques, il existe plusieurs différences avec le dessin de Desrais.
Desrais l’illustrateur donne une dimension plus symbolique à l’événement, peut-être moins respectueuse de l’exactitude historique. Ainsi Napoléon est assis sur une chaise encore de style Louis XVI, alors que Gérard le montre sur son fauteuil crée par Jacob, et qu’il utilisera souvent; chez Desrais, Bonaparte porte son uniforme militaire, alors que chez Gérard, il est vêtu de son habit de 1er Consul.

Par ailleurs, le dessin de Desrais nous ramène à un débat « historique » qui à ce jour reste non tranché. Napoléon était-il gaucher ou droitier? La légende selon laquelle le corse était un génial gaucher est souvent (mais pas systématiquement) contredite par l’iconographie artistique; mais aucune analyse graphologique ou source de l’époque n’a pu réellement l’infirmer. On a pu dire que Napoléon était ambidextre, ou bien un gaucher qu’on avait forcé à devenir droitier. Gérard le représente droitier.
Peut-être faut-il donner crédit à la représentation de Desrais, mais le fait de lui mettre une plume dans la main gauche (tout comme à Pie VII d’ailleurs) relève possiblement d’une contrainte de composition du dessin.