

Ecole Française du début du XXème siècle
Portrait de Daniel Schlumberger à 34 ans
Pastel
99,5 x 63,5 cm
Titré et daté en bas à droite
1913
La famille Schlumberger, de tradition protestante, est un important acteur de l’industrie textile en Alsace au cours du XIXème siècle.
Léon Théodore Daniel (1879-1915) est un des six enfants de Paul Schlumberger (1846-1926) et de Marguerite de Witt (petite-fille de François Guizot), qui continuèrent tant bien que mal leur activité industrielle pendant l’occupation allemande à partir de 1871. Jean (1877-1968) sera écrivain et éditeur ; Conrad (1878-1936) et Marcel (1884-1953) sont des scientifiques qui feront fortune dans l’industrie pétrolière ; Maurice (1886-1977) sera banquier. Les frères ont également une sœur, Pauline (1883-1973).
Tout comme ses frères, Daniel est né à Guebwiller, et tout comme eux il quitte sa ville natale par patriotisme en 1894. Il mène alors une vie d’exploitant agricole au domaine familial du Val-Richer, près de Lisieux en Normandie, acquis par son arrière-grand-père François Guizot en 1836. André Gide, voisin et ami de la famille, écrit à son propos en 1904 : « Le jeune Daniel souffre présentement d’une inquiétante maladie morale ; il ne peut ni ne veut vouloir ; cela s’appelle de l’aboulie, et c’est très grave ; il reste assis dans un fauteuil comme un vieillard et ne s’intéresse plus à rien que, de temps en temps, à la chasse… on essaye de la faire voyager … on lui cherche des distractions… ».
Daniel confirme son attachement à l’Alsace en épousant en 1907 Fanny de Turckheim (1880-1965), à Dachstein dans le Bas-Rhin, où naît leur fille Antoinette (1908-1994). Probablement blessé lors de la 1ère guerre mondiale, alors qu’il est brigadier du 13ème régiment d’artillerie, il se suicide le 17 juin 1915 à Boulogne-Billancourt.
En observant des photos de ses frères, la ressemblance familiale apparaît assez évidente. En revanche, Daniel ne mesure que 1,62 m, ce que le physique élancé et la pose élégante et décontractée dans notre pastel ne laissent supposer. Mais le modèle possède aussi une certaine raideur qui fera dire au futur homme politique Eugène Rouart, ami de Gide, « il a trop une tête d’allemand ».
Les Schlumberger étaient, comme de nombreuses grandes familles de l’époque, assez liés au milieu artistique.
La femme de Jean, Suzanne Weyher, était elle-même peintre et élève de Van Rysselberghe, dont certains portraits ne sont stylistiquement pas si éloignés du nôtre.