Jean-Louis COUASNON

Portrait de Gérard de Vismes


Jean-Louis COUASNON (1747, Culan – 1802)
Portrait de Gérard de Vismes
Marbre blanc veiné
Hauteur: 32 cm
Signé, titré, et daté au dos
1790
Provenance:
– Galerie Patrice Bellanger, Paris
– Château de Basse-Normandie


Gérard de Vismes fut, au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle, une importante personnalité du Portugal, à la fois dans le domaine du commerce international, et dans celui de l’art des jardins, notamment à Monserrate.

Issu d’une famille de la noblesse picarde, dont la branche protestante partit se réfugier en Angleterre dans la région de Canterbury au début du XVIIIème, Gérard de Vismes (1726, Londres – 1797, Wimbledon) poursuivit l’activité marchande de son père Philippe, mais en allant s’établir au Portugal dès 1746; il s’associa en 1749 avec le suisse David de Purry et Joseph Mellish. La maison « Purry, Mellish and Devisme » obtint en 1757 l’exclusivité du commerce des diamants avec le Brésil, puis en 1766 celle du commerce du bois, toujours avec le Brésil. Membre éminent de la British Factory de Lisbonne, il fut également le fondateur du British Hospital.
Richissime, Vismes vécut dans pas moins de quatre résidences, à Lisbonne même (l’actuel Palacio Pombal, situé Rua de Seculo, puis une maison Rua das Flores, qui dominait l’estuaire du Tage), à Benfica (Quinta de Sao Domingos), et à Sintra (palais de Monserrate). Dans toutes ces propriétés, il aménagea des jardins, considérés comme un mélange de style anglais et français, une activité à laquelle il accordait grand intérêt, en particulier pour les plantes exotiques, qu’il collectionnait. Ces jardins reçurent plusieurs fois la visite des souverains du Portugal et firent la fiereté de leur propriétaire. Vismes fit appel à Jean-Baptiste Pillement (qui effectuait depuis 1780 son second séjour au Portugal) en 1784/1785 pour la décoration intérieure de sa propriété de Benfica; Pillement réalisa aussi cinq tableaux représentant le jardin de Vismes, dont l’un est aujourd’hui conservé au musée des Arts décoratifs
La date du début de l’occupation du palais de Monserrate par Vismes est incertaine; il en devint officiellement locataire à partir de juillet 1789, mais il est possible qu’il ait occupé les lieux dès 1785, à la suite de Francisco Gomes da Costa. Souhaitant réhabiliter la propriété, en mauvais état depuis le tremblement de terre de 1755, il y éleva notamment un pavillon néo-gothique et dépensa de fortes sommes pour l’aménagement du jardin.
Toutefois, Gérard de Vismes quitta le Portugal en mai 1791, pour retourner en Angleterre, sans que la raison en soit très claire: problèmes de santé, difficultés économiques, affaiblissement de ses appuis politiques locaux…, ou plus vraisemblablement problèmes juridiques avec ses riverains ? Comme Pillement pour la propriété de Benfica, le peintre français Alexandre Noël réalisa des vues de Montserrate, vers 1793/1794, dont l’une est conservée au musée de Philadelphie. Vismes sous-loua l’endroit au romancier William Beckford de 1794 à 1795.

Notre buste fut exécuté par le sculpteur berrichon Jean-Louis Couasnon à l’occasion d’un séjour en 1789 et 1790 à Lisbonne, où il avait été appelé pour y exercer ses talents. Daté de 1790, il représente Gérard de Vismes âgé de 64 ans, à l’apogée de sa carrière et de sa fortune, alors qu’il est en pleine création des jardins de Monserrate, ce qui peut expliquer son léger sourire de satisfaction.
Elève du sculpteur Jean-Baptiste d’Huez (lui même formé par Jean-Baptiste Lemoine), et notablement influencé par Houdon, auquel certaines de ses oeuvres furent données, Couasnon travailla pour les Menus Plaisirs à partir de 1777. Il est désigné en 1783 dans le Mercure de France comme « Sculpteur du Roi et Associé libre du Musée de Paris ».
Après des participations au Salon de la Correspondance en 1779 (Portrait d’une jeune fille) et 1785, il exposa au Salon de 1795 à 1802.
Parmi ses modèles: Louis XVI et Marie-Antoinette (1777), Parmentier (1779), le lieutenant-général de police Lenoir (vers 1782), l’abbé Vogler (vers 1782), Emilie Brongniart (1784), l’abbé Dicquemare, la comédienne Mlle Maillard, le médecin Bichat.

Musées : Louvre, Carnavalet