Jean-Charles Joseph REMOND

Paysage d’Italie (le mont Soracte depuis Civita Castellana)

Tableau de la National Gallery, Londres
Tableau du Getty Museum, Los Angeles
Dessin d'Edward Lear à Civita Castellana, vers 1843

Jean-Charles Joseph REMOND (1795, Paris – 1875, Paris)
Paysage d’Italie (le mont Soracte depuis Civita Castellana)
Huile sur toile
27 x 35 cm
Vers 1822-1825


Fils d’un imprimeur, Rémond devient très tôt l’élève de Regnault, en 1810, mais c’est Jean-Victor Bertin (son maître aux Beaux-Arts de Paris en 1812), qui le dirige tout droit (entre 1814 et 1816, Rémond abandonne cependant la peinture sur l’insistance de ses parents, au profit d’une activité commerciale) vers le Grand Prix de Rome du paysage historique en 1821 avec Proserpine et Pluton. Cet excellent dessinateur a alors une touche précise et léchée qui convient aux règles du genre. Mais dès son arrivée à Rome, il découvre la nature et la peinture de plein air; au cours de ce premier séjour italien, qui dure cinq années, il peint de nombreuses études de petit format, avec une touche devenue parfois plus large et crémeuse, et une grande qualité de luminosité.
Ses sujets sont aussi bien les sites intra-muros de la ville éternelle que la campagne et les zones plus montagneuses; il descend également jusqu’à Naples et Paestum.
De retour à Paris, Rémond se découvre des velléités pédagogiques, et en même temps qu’il ouvre un atelier en 1827 (où il formera notamment Théodore Rousseau), il publie deux traités théoriques, « Principes de paysages » et « Cours complet de paysages », tout comme l’avaient fait avant lui Pierre-Henri de Valenciennes ou encore Alphonse Mandevare.
En 1842, Rémond retournera plusieurs mois en Italie, s’attardant particulièrement en Sicile. Il terminera sa carrière avec des paysages normands ou franciliens, avec une dernière participation au Salon en 1848.

Notre toile date probablement du premier séjour italien de Rémond entre 1822 et 1825. L’artiste y exprime son habileté du rendu atmosphérique et des effets de lumière. Au traitement précis de la minéralité et de la végétation du premier plan s’opposent les formes simplifiées des collines et des plaines lointaines, baignant dans une brume rosée presque surnaturelle.
Nous pouvons notamment rapprocher stylistiquement l’oeuvre de deux peintures conservées à la National Gallery de Londres et au Paul Getty Museum de Los Angeles.
Quant au lieu représenté, il s’agit sans doute d’une vue du mont Soracte depuis Civita Castellana, entre Viterbe et Rome. Respectant globalement la topographie des lieux, Rémond a en revanche peint ce qui semble être la porta San Salvatore, davantage en ruines qu’elle ne l’était, comme on peut le voir sur une huile de Corot ou un dessin d’Edward Lear.