Jean-Charles Joseph REMOND

La mort de Milon de Crotone

La mort de Roland, par Michallon, 1819

Jean-Charles Joseph REMOND (1795, Paris – 1875, Paris)
La mort de Milon de Crotone
Huile sur toile
19 x 31 cm
Vers 1819


Notre petit tableau au fini précieux et détaillé est très proche, à la fois dans sa thématique, sa composition et son ambiance, de La mort de Roland par Michallon, exposée au Salon de 1819. Dans un paysage à la fois néo-classique et d’un romantisme dramatique, l’athlète Milon ne peut se dégager de l’arbre qu’il avait tenté de fendre avec ses seules mains: les loups viendront bientôt le dévorer.
Nous ne connaissons pas à ce jour de tableau pour lequel cette oeuvre très aboutie aurait pu être préparatoire.

Fils d’un imprimeur, Rémond devient très tôt l’élève de Regnault, en 1810, mais c’est Jean-Victor Bertin (son maître aux Beaux-Arts de Paris en 1812), qui le dirige tout droit (entre 1814 et 1816, Rémond abandonne cependant la peinture sur l’insistance de ses parents, au profit d’une activité commerciale) vers le Grand Prix de Rome du paysage historique en 1821 avec Proserpine et Pluton. Cet excellent dessinateur a alors une touche précise et léchée qui convient aux règles du genre. Mais dès son arrivée à Rome, il découvre la nature et la peinture de plein air; au cours de ce premier séjour italien, qui dure cinq années, il peint de nombreuses études de petit format, avec une touche devenue parfois plus large et crémeuse, et une grande qualité de luminosité.
Ses sujets sont aussi bien les sites intra-muros de la ville éternelle que la campagne et les zones plus montagneuses; il descend également jusqu’à Naples et Paestum.
De retour à Paris, Rémond se découvre des velléités pédagogiques, et en même temps qu’il ouvre un atelier en 1827 (où il formera notamment Théodore Rousseau), il publie deux traités théoriques, « Principes de paysages » et « Cours complet de paysages », tout comme l’avaient fait avant lui Pierre-Henri de Valenciennes ou encore Alphonse Mandevare.
En 1842, Rémond retournera plusieurs mois en Italie, s’attardant particulièrement en Sicile. Il terminera sa carrière avec des paysages normands ou franciliens, avec une dernière participation au Salon en 1848.

Notre toile correspond donc aux débuts de Rémond, alors qu’il pratique encore assidument le paysage historique néo-classique appris dans l’atelier de Bertin ; c’est d’ailleurs dans cet atelier qu’il a rencontré Michallon avec qui il est ami, et dont l’influence se ressent dans le côté romantique donné à plusieurs de ses toiles. La critique reprochera à Rémond, jusque dans les années 1830, cette forte proximité avec Michallon.