Emmanuel Félix CALLET (1791, Paris – 1854, Paris)
Tivoli: vue de la Villa d’Este en 1821
Mine de plomb
25,8 x 17,5 cm
Signé, daté et situé « Rome » en bas à gauche Prix : 1 200 €
Membre d’une famille d’architectes (son père Antoine fut architecte des bâtiments civils de la voirie de Paris), Emmanuel-Félix entre à l’Ecole des Beaux-Arts en 1809; il remporte en 1819 le premier grand Prix de Rome d’architecture à égalité avec Jean-Baptiste Lesueur (1794-1823), avec lequel il publiera en 1827 un ouvrage de référence, « Architecture italienne, ou palais, maisons et autres édifices de l’Italie moderne » (ces recueils « italiens » furent initiés par Percier et Fontaine, et plusieurs architectes prix de Rome en publièrent tout au long de la première moitié du XIXème siècle).
Il connaîtra une carrière plutôt prestigieuse, en étant nommé architecte de la ville de Paris et en étant un des membres fondateurs de la Société Centrale des Architectes en 1840. Parmi ses réalisations les plus connues, on compte la villa néo-classique Batholoni (du nom de l’homme d’affaires qui lui passa commande), également appelée « Perle du lac », construite à la fin des années 1820 sur les rives du Léman à Genève, et qui abrite aujourd’hui le Musée d’histoire des sciences de la ville. Félix Callet construisit aussi, en dehors de demeures pour des particuliers et de monuments funéraires, la première gare d’Austerlitz, l’Hôtel des commissaires-priseurs de la Seine (situé place de la Bourse à Paris), et reste célèbre pour sa collaboration avec Victor Baltard sur les nouvelles Halles centrales de Paris à partir de 1851.
Il vivait et tenait atelier au 53 rue de la Pépinière à Paris.
Notre dessin fut réalisé pendant le séjour de Callet à la villa Médicis à Rome, entre décembre 1819 et décembre 1824, alors que le directeur en était Pierre-Narcisse Guérin. Les pensionnaires de l’Académie de France ne se limitaient pas à étudier les sites de la ville de Rome proprement dite, et parcouraient aussi les environs. Tivoli, situé à une trentaine de kilomètres de Rome, abrite ainsi la Villa d’Este, un joyau de l’architecture italienne qui fut construite par Ligorio à la fin du XVIème siècle pour le cardinal Hippolyte II d’Este (de la famille des Borgia); les bâtiments, mais surtout les jardins, proposant une multitude de fontaines, bassins, grottes, terrasses, sont mythiques.
En 1821 le site était très dégradé, conséquence de son abandon progressif depuis le milieu du XVIIIème siècle; ce n’est qu’en 1851, sous l’impulsion de Gustave de Hohenlohe, que la villa fut restaurée et devint alors un haut lieu culturel, avec par exemple de fréquents séjours de Franz Liszt. Le lieu devint après la 1ère guerre mondiale propriété de l’état italien, qui prit en charge la suite de la réhabilitation.
Le point de vue adopté par Callet est celui du visiteur qui venait d’entrer dans les jardins de la villa par une porte donnant sur la route de Rome, quelques dizaines de mètres avant la porte d’entrée dans la cité de Tivoli. Il se trouvait sous une pergola, encadrée de cyprès monumentaux, avec une longue perspective, sur un axe nord/sud, menant jusqu’au palais situé en hauteur. On reconnaît ainsi, de bas en haut, la fontaine des Dragons située au-dessus des marches, la coquille de la fontaine du Bicchierone, et la grande loggia construite sur deux niveaux.