Auguste Welby Northmore PUGIN Junior (1812, Londres – 1852, Ramsgate)
Paris: l’église Saint-Germain l’Auxerrois
Lavis brun sur traits de crayon
9,2 x 14 cm
Circa 1825 Prix : 1 500 €
Ce dessin est l’oeuvre originale préparatoire à la gravure (gravée par J. Redaway) parue, page 79, dans le recueil Paris et ses environs – 202 vues pittoresques, dont les deux volumes furent publiés à Londres en 1828 et 1831 chez Robert Jennings et William Chaplin.
Auguste Jr était le fils du dessinateur (et architecte) français Charles-Auguste Pugin (1762-1832). D’origine suisse, né en Normandie, celui-ci émigra à Londres lors de la Révolution, et entra en 1798 dans l’atelier du dessinateur John Nash; il forma lui-même de jeunes architectes comme Joseph Nash, ainsi que son fils Auguste Jr, qui manifesta très tôt des dons pour le dessin.
Accompagnant son père sur les sites, Auguste Jr réalisa vers l’âge de douze ans une série de très fins dessins de vues de Paris, qui allaient être publiés, avec les dessins de quelques autres jeunes artistes, sous la direction de son père, dans le recueil Paris et ses environs. Plus précisément, il produisit 15 dessins, tandis que son père en réalisait 12.
Très rapidement, Pugin Jr s’installera en Angleterre pour y devenir créateur de mobilier et d’objets décoratifs de style gothique (décoration du château de Windsor par exemple); à partir de 1835, après s’être remarié, il se spécialisa dans l’architecture créatrice de monuments civils et surtout religieux, mais ne négligea pas pour autant le métier de décorateur, et devint une figure réellement significative de l’architecture anglaise du XIXème siècle. Il fit l’objet d’une importante exposition à Londres en 1994.
L’église de Saint-Germain l’Auxerrois fut représentée de nombreuses fois au cours du deuxième tiers du XIXème, avec par exemples des dessins et aquarelles de Gaspard Gobaut (1837), Jacques-Alphonse Testard (1839), Hubert Clerget (1840) ou Wynantz.
Notre dessin propose une iconographie précoce: il montre l’église et son célèbre porche (cf l’extrait de Viollet-le-Duc ci-dessous), ainsi que les bâtiments alentours, quelques années avant qu’elle ne soit un temps reconvertie en Mairie suite aux événements de février 1831 où elle fut dévastée (elle ne retrouva sa vocation religieuse qu’à partir de 1837).
Eugène Viollet-le-Duc, extrait du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIème au XVIème siècle (vers 1855):
L’église de Saint-Germain l’Auxerrois, à Paris, possède un porche du commencement du xve siècle, qui est parfaitement conçu. Il s’ouvre sur la face par trois arcades principales qui comprennent la largeur de la nef, et par deux arcades plus étroites et plus basses, au droit des collatéraux ; une arcade semblable de chaque côté, en retour, donne des issues latérales. Les voûtes fermées sur les deux travées extrêmes plus basses sont surmontées de deux chambres couvertes par des combles aigus et éclairées par de petites fenêtres percées dans les tympans rachetant la différence de hauteur entre les grands et les petits arcs. Une balustrade couronne cette construction couverte en terrasse, sous la rose, dans la partie centrale.
La sculpture et les détails de ce porche, bien des fois retouchés et depuis peu grattés à vif, manquent de caractère, sont mous et pauvres. Le porche de l’église de Saint-Germain l’Auxerrois n’est bon à étudier qu’au point de vue de l’ensemble et de ses heureuses proportions. La porte centrale qui s’ouvre sur la nef date en partie du xiiie siècle, c’est le seul fragment de cette époque que l’on retrouve dans tout l’édifice rebâti pendant les xive, xve et xvie siècles. Le parti adopté dans la construction de ce porche nous paraît remplir assez bien les conditions imposées par les besoins d’une grande église paroissiale, pour que nous en présentions ici (fig. 33) l’aspect général.
On observera que les arcades d’extrémités, étant plus basses que celles centrales, les fidèles réunis sous ce vestibule extérieur, profond d’ailleurs, sont parfaitement abrités du vent et de la pluie, bien que la circulation soit facile. On n’en saurait dire autant des portiques, péristyles ou porches, prétendus classiques, établis au devant des églises bâties depuis deux siècles. Les péristyles de Saint-Sulpice, de la Madeleine, de Saint-Vincent de Paul, de Notre-Dame de Lorette, présentent peut-être une décoration majestueuse, mais ils sont, contre le vent, la pluie ou le soleil, un obstacle insuffisant.