


Auguste-François-Marie GORGUET (Paris, 1862 – Paris, 1927)
Allégorie de l’Histoire gravant dans le marbre l’alliance Franco-Russe
Huile sur toile
73 x 35 cm
Signée en bas à droite
1914-1915
Oeuvre en rapport : Le Panthéon de la Guerre, gigantesque panorama présenté à Paris entre 1918 et 1927, puis aux Etats-Unis, et conservé depuis les années 1950, en version réduite, au musée et mémorial de Kansas City. Notre œuvre est une étude pour ce tableau.
Oeuvre monumentale et majeure, considérée à l’époque comme le plus grand tableau du monde (en dimensions, plus de 120 mètres de long, de format circulaire), Le Panthéon de la guerre fut exécuté par Gorguet et Pierre Carrier-Belleuse dès le début de la 1ère guerre mondiale en septembre 1914, avec l’aide de 130 artistes collaborateurs dont Cormon, Foreau, Calbet, Louis-Charles Bombled, Besnard, Flameng, Dagnan-Bouveret etc…
Plus de 20 nations alliées y étaient représentées, comprenant les portraits de plus de 6 000 personnalités (militaires et politiques) de l’époque.
L’oeuvre fut exposée, tel un grand spectacle, près des Invalides entre 1918 et 1927, puis un conglomérat d’hommes d’affaires américains l’achetèrent et organisèrent aux Etats-Unis une sorte de Barnum tour avec des expositions à New York, Washington, Chicago… pour finir à San Francisco en 1940.
Laissée à l’abandon, l’oeuvre fut rachetée aux enchères en 1952 par William Haussner (un vétéran allemand de la 1ère guerre qui avait fait fortune dans la restauration à Baltimore), qui finit par le léguer au Mémorial de la 1ère guerre mondiale de Kansas City ; Daniel Mac Morris, le conservateur du lieu, se permit de faire des coupes dans le tableau, réduisant considérablement sa taille, gardant les parties glorifiant les US et supprimant notamment celles évoquant le communisme.
Notre tableau correspond à la partie consacrée à la Russie et plus particulièrement l’alliance Franco-Russe, qui a disparu de la version actuelle.
Sur la droite du groupe figurant les principaux militaires et hommes politiques franco-russes, une statue, représentant une allégorie de l’Histoire, grave dans le marbre les noms des grands protagonistes (tsars et présidents de la République), de cette alliance :
– Alexandre III et Sadi-Carnot, à l’origine de l’Alliance.
– Nicolas II, Félix Faure, Emile Loubet, Armand Fallières, Raymond Poincaré, qui la perpétuèrent.
Peintre académique formé dans les ateliers de Gustave Boulanger et Jean-Léon Gérôme, Gorguet est également connu comme illustrateur et affichiste, notamment pour l’Opéra. Présent au Salon à partir de 1883, il y expose principalement des portraits et peintures d’histoire, ainsi que quelques sujets mythologiques, dans lesquels l’effet décoratif est presque toujours présent. Gorguet était par ailleurs un habitué des formats monumentaux, à l’exemple de sa Joyeuse entrée du roi Jean le Bon à Douai, le plus grand tableau du Salon de 1900.
La présence de femmes de face ou de dos avec un voile, à l’instar de notre tableau, se retrouve dans plusieurs de ses compositions. On peut aussi reconnaître dans notre figure l’influence sur Gorguet, surtout en fin de carrière, de symbolistes tels que Schwabe ou Von Stuck.