Antoine VESTIER, attribué à

Portrait d’homme sous la Révolution


Antoine VESTIER (Avallon, 1740 – Paris, 1824), attribué à
Portrait d’homme sous la Révolution
Huile sur toile
46 x 37 cm
Vers 1793-95


Ce beau portrait non signé nous avait instinctivement renvoyé au répertoire stylistique d’Antoine Vestier, avec notamment ce visage serein, cette pose simple et un vêtement à rayures régulièrement présent dans les portraits de l’artiste.
Cependant, à y regarder de plus près, l’oeuvre ne semblait pas présenter pas ce côté soyeux ou glacé dans la touche, ou ce petit sourire complice qui anime la plupart des visages peints par l’artiste bourguignon. Tout en possédant une remarquable qualité d’exécution, elle avait un côté plus sec.
Nous avons passé en revue la plus grande partie des portraitistes de la fin du XVIIIème siècle, célèbres ou moins connus, mais aucun ne correspondait vraiment au nôtre.
C’est en observant de très près un portrait de femme par Vestier au National Museum de Stockholm, que nous sommes finalement revenus (à la fois par élimination et par rapprochement) sur une attribution à Vestier, avec les réserves évoquées précédemment : la matière, les carnations, la bouche, le lobe de l’oreille, le travail de brillance sur le nez, la perruque avec les rouleaux relevés de délicats empâtements, l’écriture des sourcils, le traitement des paupières étant vraiment très comparables.
Comme très souvent chez Vestier, le fond est neutre, et l’ensemble dégage une impression de sobriété, relevé par les couleurs de l’élégant vêtement.
Quant au modèle, on serait tenté d’y voir un révolutionnaire proche de Robespierre, dont la physionomie n’est d’ailleurs pas si éloignée. Son regard aimable, à la fois énergique et doux, interpelle le spectateur, non sans afficher un léger sentiment de satisfaction et de supériorité.

Formé chez Jean-Baptiste Pierre, Vestier se consacra rapidement au genre du portrait, qu’il pratiqua d’abord, et de façon prolifique, en miniature. Mais il commença à exposer assez tardivement au Salon du Louvre, en 1785, presque en même temps que sa réception à l’Académie grâce à l’appui de Joseph-Siffred Duplessis. Il fut l’un portraitistes les plus distingués de son temps.