André PUJOS

Portrait de l’académicien Jacques Delille


André PUJOS (1730, Toulouse – 1788, Paris)
Portrait de l’académicien Jacques Delille
Pierre noire et rehauts de blanc
18 x 12 cm
Signé en bas au centre A… Pujos Delin ad vivum anno 1777
Oeuvre en rapport: estampe réalisée en 1777 par Vincenzo Vangelisti (1728 – 1798), dont un exemplaire est conservé à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, et pour laquelle notre dessin est préparatoire
Provenance:
– Ancienne collection Alfred Piat (1826 – 1896) – N°103 de sa vente après-décès, 22/23 mars 1897, Drouot, Salle 8, sous le titre L’abbé Delille
– Vente de la collection T. et G., le 31 janvier 1898, sous le titre Portrait de l’abbé Delille, pour 25 Frcs


André Pujos fut un raffiné artiste en miniature et en petits portraits dessinés, dans l’esprit de ceux de Cochin et Saint-Aubin.
Formé à Toulouse auprès de Guillaume Cammas, il y fut admis à l’Académie en 1776, sept années après sa réception à l’Académie de Saint-Luc en 1769.
Il était arrivé à Paris en 1752 et y avait développé assez rapidement une clientèle parmi les célébrités de l’époque, qui se révéla au fil du temps être essentiellement constituée de savants et d’intellectuels (comme Buffon, Voltaire, d’Alembert, l’abbé Raynal). Il participa aux expositions de Toulouse à partir de 1759 et présenta plus de 22 petits portraits au Salon de Paris de 1774.
Ses portraits montrent toujours beaucoup de relief et de vie, notamment grâce à un éclairage latéral quasi systématique et l’utilisation de subtils rehauts de blanc.
On trouve ses dessins en particulier au musée Carnavalet de Paris, au musée Paul-Dupuy de Toulouse, et à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.

Lorsque Pujos représente le poète Jacques Delille (1738, Clermont-Ferrand – 1813, Paris), celui-ci a été élu à l’Académie Française il y a trois ans.
C’est un latiniste et versificateur hors-pair, un temps rival de Voltaire, mais on dénoncera toujours son manque de sensibilité romantique, d’émotion ou de génie créatif.
Habitué des salons littéraires (Madame Geoffrin) où il excelle à réciter ses vers, il est également le protégé de Madame Le Couteulx du Molay à la Malmaison, de Marie-Antoinette et du Comte d’Artois grâce auquel il obtint le bénéfice de l’abbaye de Saint-Séverin et put porter le titre d’abbé, bien qu’il n’ait jamais mené de carrière ecclésiastique. Il suivit même un temps le comte de Choiseul-Gouffier dans son ambassade à Constantinople.
Hostile aux idées de la Révolution, il se retira à Saint-Dié, s’exila en Suisse, Allemagne, Angleterre, avant de revenir en France en 1802. A sa mort, il est considéré comme le plus grand poète français.

Alfred Piat fut un fervent bibliophile et collectionneur d’oeuvres d’art, surtout à partir de 1874, date à laquelle il abandonna sa profession de notaire à Paris. Si sa bibliothèque fut dispersée en plusieurs ventes en 1896 et 1898, les dessins et estampes eurent droit à deux sessions: celle du 22/24 février 1897, Drouot, Salle 3, était essentiellement composée d’estampes.
La seconde, du 22/23 mars 1897, rassemblait uniquement des dessins, au nombre de 217, anciens et modernes; le collectionneur y révélait une forte appétence pour le XVIIIème siècle, avec de nombreuses feuilles de Boucher, Fragonard ou Saint-Aubin. On y trouvait en particulier 5 dessins de Pujos, avec, en plus du nôtre, les portraits de l’avocat Gerbier (N°104), de l’écrivain Poullain de Saint-Foix (N°105), de l’abbé Raynal (N°106) et de l’écrivain anglais Samuel Richardson (N°107)