Adèle KINDT

Marie Stuart à Loch Leven, clair de Lune


Adèle KINDT (Bruxelles, 1799 – Bruxelles, 1893)
Marie Stuart à Loch Leven, clair de Lune
Huile sur toile
95 x 120 cm
Signée Adèle de Kindt et datée en bas à gauche
1829
Expositions :
– Salon de Gand de 1829, numéro 178, titré Marie Stuart au château de Loch-Leven : effet de Lune
– Salon de Bruxelles de 1830, numéro 253, titré Marie Stuart au château de Loch Leven, effet de Lune
– Peut-être Salon de Liège de 1833, titré Marie Stuart au château de Loch-leven (clair de Lune)
– Salon de Douai de 1835, titré Marie Stuart rêvant à la France (effet de Lune)
– Salon de Valenciennes de 1835, numéro 272, titré Marie Stuart rêvant à la France (effet de Lune)


Marie-Adélaïde, dite Adèle, Kindt appartient à un important mouvement de femmes peintres en Belgique, qui s’exprime dans les années 1820 et 1830, dans le sillage de Sophie Frémiet-Rude, et dont elle est la principale représentante.
C’est Joseph Cardon, professeur de dessin à l’académie de Bruxelles et ami de son père (un négociant originaire de Saint-Omer), qui découvre ses qualités artistiques. Adèle fréquente ensuite quelque temps l’atelier de Jacques-Louis David, émigré à Bruxelles depuis 1816.
Puis, probablement entre 1819 et 1824, elle est l’élève de Sophie Rude (1797-1867), née Frémiet et épouse du célèbre sculpteur français lui aussi exilé à Bruxelles, elle-même formée par David.
En 1824, elle suit aussi les leçons de François-Joseph Navez (1787-1869), un autre élève de David (à Paris, entre 1813 et 1815), alors devenu le chef de file du néo-classicisme en Belgique, et qui restera longtemps le mentor d’Adèle. Notons par ailleurs que Navez dirigera un atelier pour jeunes femmes peintres de 1826 à 1836.
Véritable artiste professionnelle aux grandes ambitions, Adèle Kindt expose dès 1818 dans la plupart des salons de Belgique et de Hollande (Bruxelles, Gand, Anvers, La Haye, Haarlem, Amsterdam) et à celui de Douai en France à partir de 1823. En 1826, elle connaît son premier véritable succès public avec Les derniers instants du Comte d’Egmont, illustrant son appétence d’alors pour les héroïnes historiques au destin romantique, comme la reine Elisabeth d’Angleterre, Marie Stuart, Catherine de Médicis ou Louise de la Vallière, et plus globalement pour les sujets d’histoire passée ou contemporaine.
Après 1840, ce sont davantage les portraits et les scènes de genre pittoresques qui constitueront l’essentiel de son œuvre ; mais sa gloire critique sera quelque peu passée.

Tout comme en France, le personnage de Marie Stuart (1542-1587), veuve de François II de Valois devenue reine d’Ecosse et au sort tragique, est alors très populaire en Belgique ; la pièce de Schiller Marie Stuart et surtout le roman de Walter Scott L’Abbé, expliquent en partie la multiplication des oeuvres littéraires et des représentations iconographiques à partir de 1820. Kindt traite une première fois le sujet au Salon de Bruxelles de 1827 avec Elisabeth charge sa secrétaire et Lord Burleigh de l’exécution de la sentence qu’elle vient de signer contre Marie Stuart, tableau acquis par le gouvernement belge.
Ici il s’agit de Marie Stuart retenue prisonnière par Elisabeth, dans sa chambre d’une tour de l’austère château de Loch Leven près d’Edimbourg, où elle est captive depuis juin 1567.
Elle repense probablement, avec mélancolie, à ses jeunes années passées en France, où, comme l’écrit Brantôme, le chroniqueur de Cour de l’époque, elle chantait en s’accompagnant du luth. L’ouverture de la fenêtre, rappel de la peinture hollandaise, permet de faire entrer le clair de Lune pour accentuer l’ambiance romantique, donner un « coup de lumière » sur le visage de la Queen of Scots et souligner la pâleur de son teint ; c’est aussi un signe d’ouverture vers l’extérieur et la liberté, laissant présager de la future évasion de Marie en mai 1568.
Le style de la peinture correspond bien à celui de Sophie Rude et surtout de Navez, mais avec un traitement plus romantique que néo-classique.
A l’occasion du Salon de Douai de 1835, un des rédacteurs de La Revue anglo-française écrit : « Ce tableau, qui a du mérite, donne une idée du faire de l’école flamande actuelle, qui est loin de suivre les errements des anciens peintres du même pays » .