Ernestine PANCKOUCKE

Roses et pensées, fleurs et bourgeons


Ernestine PANCKOUCKE (Paris, 1784 – Paris, 1860)
Roses et pensées, fleurs et bourgeons
Aquarelle sur vélin
21,5 x 17,5 cm
Signée en bas à droite
Vers 1833
Provenance : album amicorum du collectionneur et littérateur lyonnais Louis Aimé-Martin (1782-1847)


Anne-Ernestine Desormeaux, qui épousera en 1808 le richissime libraire-éditeur Charles-Fleury Panckoucke (1780-1844), est considérée comme la plus célèbre (et la plus douée ?) des élèves féminines de Redouté, bien qu’elle n’exposa jamais au Salon, contrairement à plusieurs de ses consoeurs comme Olympe Arson ou Adèle Riché.
Dotée de nombreuses qualités (vive intelligence, charme, grande culture, maîtrise de langues étrangères comme l’italien et l’allemand), Ernestine semble devoir sa formation artistique initiale à Prud’hon lorsque celui-ci travaille pour Joséphine à la Malmaison. Elle fréquente également l’atelier Jean-Baptiste Isabey, là où elle fera probablement la connaissance de Redouté. Mais elle est aussi désignée, vers 1815, comme élève de Gérard Van Spaendonck (1746-1822), lui-même maître de Redouté. Elle fait d’ailleurs partie des anciens élèves de Spaendonck que reprendra Redouté à partir de 1822 dans ses cours de dessin au Museum d’Histoire Naturelle.
Ernestine réalisa quelques peintures, mais l’essentiel de son oeuvre se compose d’aquarelles, sur papier ou sur vélin (parchemin), ce dernier support étant le plus délicat, car ne tolérant aucun repentir et nécessitant un contrôle permanent de l’humidité de la feuille. Il s’agit de compositions florales plus ou moins complexes ; mais elle s’exprime également dans un registre purement botanique, en participant à des ouvrages comme Flore Médicale (1816), pour lequel elle réalise 19 planches.

Dans son luxueux hôtel particulier de Paris (rue des Poitevins, actuel 6ème arrondissement), et dans sa retraite campagnarde près de Meudon à partir de 1818, le couple Panckoucke, dans une avide quête de reconnaissance sociale, recevait tout le gratin artistique (musiciens, écrivains, peintres et sculpteurs) et scientifique de l’époque. C’est certainement dans ce contexte, notamment littéraire, qu’Ernestine Panckoucke entra en contact avec le collectionneur et littérateur lyonnais Louis Aimé-Martin, disciple et éditeur de Bernardin de Saint-Pierre, grand ami de Lamartine lui-même proche d’Ernestine ; Aimé-Martin commença à constituer vers le milieu des années 1820 un album amicorum, d’où provient notre dessin, d’une grande fraîcheur.
Clin d’œil à Van Spaendonck, Ernestine Panckoucke fait ici figurer des pensées, souvent présentes dans les compositions de son ancien maître. Mais l’influence stylistique de Redouté est clairement visible.