Louis-Eugène COËDES

Portrait de femme au livre

Tableau du Louvre, présenté comme de Guillaume Voiriot
Duplessis - Portrait de Mme Lenoir - Bibliothèque Inguimbertine

Louis-Eugène COËDES (Paris, 1810 – Paris, 1905)
Portrait de femme au livre
Pastel
81 x 65 cm
Signé à gauche vers le bas
Inscription en dessous Cn Lacaze pour Collection La Caze
Probablement vers 1870-1875
Oeuvre en rapport : tableau de la collection La Caze, entré par donation au Louvre en 1870 comme anonyme mais avec une ancienne attribution à Chardin, donné par la suite à Duplessis, et aujourd’hui considéré comme une œuvre de Voiriot, dont notre pastel est une reprise


Nous avons fait l’acquisition de ce pastel, non seulement en raison de sa haute qualité d’exécution, mais aussi pour sa signification historique. Il est en effet réalisé peu de temps après l’entrée au musée du Louvre d’un des plus célèbres tableaux de la donation de Louis La Caze (1798-1869), composée de 272 œuvres (plus de 300 autres tableaux de la collection furent répartis dans les musées de province), traditionnellement titré La dame au livre, et ayant depuis posé une énigme quant à l’identification de l’auteur et du modèle.

Découvert par La Caze, le portrait était alors donné à Chardin comme étant celui de Mme Lenoir, (femme d’un lieutenant-général de police), tableau exposé sous ce titre au Salon de 1742 ; la comparaison avec la gravure du tableau de Chardin, bien différente, réfuta définitivement cette attribution.
Les noms de Aved et de Tocqué (le portrait de Mme Tocqué tenant une brochure, exposé du Salon de 1751) furent ensuite proposés, mais ne pouvaient être retenus, à la fois pour des raisons stylistiques et de datation.
En 1909, le nouveau candidat, plus sérieux, fut le portraitiste Joseph-Siffred Duplessis (Carpentras, 1725 – Paris, 1802), dont une œuvre était très proche : le portrait de Mme Lenoir (mère d’Alexandre Lenoir, le futur créateur du musée des Monuments français) tenant une brochure, aujourd’hui conservé à Carpentras, à la Bibliothèque-Musée Inguimbertine. Le tableau avait été présenté en 1764 à l’Académie de Saint-Luc, et en 1769 au Salon.
Depuis quelques années, la nouvelle attribution retenue par le Louvre est Guillaume Voiriot (Paris, 1713 – Paris, 1799). Nous pensons néanmoins que le tableau de La Caze est bien l’œuvre de Duplessis.
Quant à l’identité du modèle, notre liseuse reste inconnue et n’est pas Madame Lenoir, même s’il existe une ressemblance.
Jules Belleudy, dans sa monographie sur Duplessis, décrit joliment la peinture : « … C’est une délicate, fine et captivante physionomie de femme. Son visage, dont tous les traits sont sans apprêt, ne respire plus que la bonté et la douceur : elle a une figure maternelle… Coiffés d’un bonnet de dentelles à brides, avec un papillon de petits diamants piqué dans un nœud de ruban, ses cheveux gris légers sont peignés au naturel ; elle est vêtue d’une robe de satin bleu pale passé que recouvre un mantelet de satin noir… Le corsage est garni de nœuds de rubans étagés, en échelle ».
Ces différents détails vestimentaires permettent de situer l’exécution de l’œuvre entre 1760 et 1765.
L’auteur de notre reprise au pastel, Louis-Eugène Coedès, était un élève de Léon Cogniet, spécialisé dans le portrait, très talentueux pastelliste, et qui était occasionnellement copiste. Sa très longue carrière débute au Salon de Paris de 1831 ; dès 1834, il expose au Salon de Lille la copie d’un tableau de Gabriel Metsu, conservé au Louvre, et pour ses dernières participations au Salon en 1877 et 1879, il présente des aquarelles d’après des tableaux du Louvre par Rubens et Rembrandt.