Joseph-Urbain MELIN

Chien égaré se réclamant


Joseph-Urbain MELIN (1814, Paris – 1886, Paris)
Chien égaré se réclamant
Huile sur toile
1,49 x 1,13 m
Signée et datée en bas à droite
1882
Exposition: Salon de 1883, sous le N° 1656


Melin fut un des principaux peintres animaliers actifs sous le second Empire, et Pierre Larousse, dans un article de son dictionnaire universel consacré à l’iconographie artistique des chiens, écrit: « Les chiens de chasse et de grande race n’ont pas de meilleur portraitiste que Monsieur Joseph Melin » .
Entré aux Beaux-Arts de Paris en 1830, il avait été élève du sculpteur David d’Angers et de Paul Delaroche. C’est vraisemblablement sous l’influence de ce dernier qu’il débuta sa carrière par des peintures d’histoire et religieuses. Mais il était également portraitiste (il remporta d’ailleurs le concours de la Tête d’expression aux Beaux-Arts en 1840), et c’est ce genre qu’il exposa à ses premiers Salons en 1836, 1839, 1840, 1842 ; il revint au portrait en 1852, puis une dernière fois aux éditions de 1870 et 1872.
Entre-temps, sans que l’on en connaisse la raison, il était devenu définitivement un animalier en 1846, avec l’exposition de Chiens anglais au Salon de 1846.
La consécration intervint à l’occasion du Salon de 1855; Théophile Gautier y était élogieux : « M. Melin, s’il continue dans cette voie, se fera bientôt une place non loin de M. Jadin, l’Hallali du cerf, le Chien qui se réclame, le Couple de Chiens, les Chiens hardés, témoignent des plus heureuses dispositions; à la connaissance parfaite de l’animal se joignent une couleur chaude et vraie, un faire large et simple. Un peu plus de rudesse de brosse pour accuser le sens et les épis du poil dans les robes des chiens, et les quatre toiles de M. Melin seraient irréprochables » . Le Chien qui se réclame (1,28 x 0,96 m, peint en 1854) et le Couple de chiens (0,97 x 1,30 m, peint en 1853) furent acquis par les frères Pereire (les tableaux figurèrent à la vente de leur prestigieuse collection en mars 1872) pour leur hôtel de Commailles, sur les conseils de leur ami Paul Delaroche (qui appuyait et mettait en avant ses élèves); Napoléon III acheta l’Hallali de cerf (placé à Fontainebleau) et les Chiens hardés (placé à Saint-Cloud). L’Empereur acquit une troisième oeuvre, monumentale, auprès de Melin au Salon de 1857: Un découplé. Valet de chiens donnant un relais (2,07 x 4,32 m), pour le musée de Caen (le tableau a été détruit).
Melin est désormais un peintre plus que reconnu: la critique loue son « excellente connaissance anatomique des chiens » , son « dessin exact et souple, son modelé large et facile » , tout comme l’avait fait Gautier. Elle place même cet « animalier robuste » au même niveau que Oudry et Desportes au siècle précédent. Parmi ses principaux collectionneurs figurent le Docteur Court et Le Duc.
S’il est véritablement spécialisé dans les chiens, le catalogue de sa vente après-décès (2 mars 1887, Drouot, Salle 3, Commissaire-priseur Léon Tual, Expert Georges Petit) comporte plusieurs tableaux de chevaux et de vaches, ainsi qu’un assez grand nombre de paysages.

Véritable chef d’oeuvre de la peinture animalière, notre tableau restitue admirablement la détresse de ce chien de meute (plus précisément il s’agit d’un grand anglo-français) perdu, qui fait entendre un hurlement long et plaintif.