Léon HORNECKER

Portrait de femme au turban rouge (Jeanne Hatto ?)

Portrait de la cantatrice Jeanne Hatto
Portrait de femme lisant

Léon HORNECKER (1864, Strasbourg – 1924, Paris)
Portrait de femme au turban rouge (Jeanne Hatto ?)
Huile sur toile
75 x 53 cm
Signée en bas à droite
Exposition: possiblement Salon de Mulhouse de 1911, sous le numéro 172, titré La dame au turban


Léon Hornecker fait partie des meilleurs portraitistes alsaciens de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, dont le style a pu être comparé à celui de Léon Bonnat ou même de son compatriote Jean-Jacques Henner.

Issu d’une famille populaire, il se forme en autodidacte en fréquentant les cours du soir de l’Ecole d’artisanat d’art de Strasbourg, puis, grâce à une bourse octroyée par sa ville natale, il complète son savoir à l’Académie des Beaux-Arts de Münich jusqu’en 1888. Dès lors, il devient rapidement le portraitiste favori des élites strasbourgeoises, et expose pour la première fois au Salon de Paris en 1894, y obtenant une mention honorable.
Profondément attaché à l’Alsace, mais aussi très pro-français en ces temps d’occupation allemande, Hornecker finit par s’installer à Paris en 1906, d’abord hébergé par des amis artistes, puis en 1908 dans son atelier du 71 de l’avenue de Villiers, qu’il aménage dans l’esprit d’une auberge alsacienne. Le fils de serrurier est devenu un bourgeois respectable, reçu à l’Académie en 1903, naturalisé Français en 1906; c’est désormais de la riche bourgeoisie et industrie parisienne qu’il reçoit l’essentiel de ses commandes, qu’il réalise dans un style plus « chatoyant », plus « chic », peut-être plus sommaire que ses premières peintures, mais toujours avec la même virtuosité.
Le tempérament vigoureux d’Hornecker apparaît dans notre peinture (exécutée dans cette période parisienne), énergiquement brossée dans une matière fine et une palette audacieuse, qui la rend assez éloignée de l’austère sobriété de ses portraits sans concession du terroir alsacien. Le tableau pourrait correspondre à celui exposé au Salon de Mulhouse de 1911, titré La dame au turban. Quant au modèle, il pourrait être la chanteuse d’opéra Jeanne Hatto (1879-1958), dont Hornecker peignit un grand portrait en pied (2,09 x 1,31 m) aujourd’hui conservé au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg. Ce musée conserve un autre tableau (1,61 x 1,22 m) représentant une femme assise lisant ce qui paraît être une partition, avec un rideau semblable à celui de notre oeuvre en guise de fond; on a l’impression d’être en présence d’actrices en coulisses, prêtes à entrer en scène, confirmant ainsi l’hypothèse de Jeanne Hatto comme modèle figuré.