Eugène FLANDIN

Constantinople: l’échelle de Bechik-Tach sur le Bosphore

Lithographie parue dans L'Orient - Planche N°5

Eugène FLANDIN (1809, Naples – 1889, Tours)
Constantinople: l’échelle de Bechik-Tach sur le Bosphore
Huile sur panneau
20,5 x 29 cm
Signée en bas à droite
Au dos du panneau, située et datée, avec un chiffre « N°2 » (inscriptions à l’encre)
1844
Oeuvre en rapport: lithographie (planche N°5) parue dans l’ouvrage « L’Orient » , édité en 1853, pour laquelle notre peinture est préparatoire
Provenance: probablement le N°19, Echelle et cafés de Bechik-Tach dans le Bosphore, de la « Vente de tableaux et dessins peints par Monsieur Eugène Flandin » – Drouot, Salle 4, Vendredi 9 avril 1858, Commissaire-Priseur Charles Pillet, Expert Francis Petit


Né à Naples alors que son père travaille dans l’administration militaire de Murat, Eugène Flandin se forme auprès d’Horace Vernet à Paris. Il deviendra l’un des peintres orientalistes les plus recherchés de son temps.
Dès ses premières participations au Salon, ses oeuvres sont acquises par Louis-Philippe sur la Liste Civile et lui valent une médaille de 2ème classe.
Il s’agit de vues d’Italie (Venise, Naples), et surtout d’Algérie (notamment des événements militaires), où il effectue un premier voyage entre septembre 1837 et 1839.
En 1839, il est attaché à l’ambassade de Perse pour des missions archéologiques et revient en France en 1842, s’arrêtant une première fois à Constantinople.
En 1844 il visite de nouveau Constantinople, puis séjourne deux mois à Rhodes et Beyrouth, passe par l’Egypte avant de s’installer sur les bords du Tigre à Mossoul.
Après dix ans d’absence au Salon de Paris, il y expose de nouveau à partir de 1853, avec notamment des vues de Constantinople inspirées par son voyage de 1844. En cette même année 1853, il publie ( éditeur Gide et J. Baudry, 5 rue Bonaparte à Paris – imprimeur Bertauts, rue Cadet à Paris) « L’Orient » , un récit de voyage illustré de 150 estampes de vues pittoresques de la Turquie du Bosphore jusqu’à la frontière indienne: les premières vues représentent Constantinople, et en particulier plusieurs débarcadères comme les échelles de Top-Hana, Eyoub ou Scutari.

Voici une partie du texte qui accompagnait la lithographie de Bechik-Tach:
« Ce village n’est pas un des plus grands du Bosphore, mais il offre aux promeneurs des tentations telles, qu’ils passent difficilement devant son échelle sans s’y arrêter. Une petite place prolongée, au moyen de pilotis, donne toute aisance à ceux qui débarquent… « 
Il décrit ainsi les hommes au premier plan: « Ils paraissent absorbés par des pensées sérieuses: ce sont des Caïkdjis qui, en attendant les passagers, dégustent leur tabac de Salonique… Au fond de la place on arrive par quelques marches à un autre café, celui des Tchélébis, c’est à dire des élégants… A côté de ce café est la mosquée, qu’entourent des cyprès derrière lesquels s’aperçoivent les collines dont les pentes boisées forment la rive européenne du détroit.« 
La mosquée en question est celle de Sinan Pacha, construite en 1555/56 par Mimar Sinan, le principal architecte ottoman de l’époque (il travaillait pour Soliman le Magnifique) sur la commande de Sinan Pacha, le grand Amiral de Soliman.
« Le village de Bechik- Tach a dû autrefois son importance au séjour que le Sultan Selim III faisait avec sa cour dans le voisinage. C’était alors un lieu très fréquenté, parce que le palais impérial attirait une affluence considérable de gens de toutes conditions. Aujourd’hui Bechik-Tach est plus calme, mais les amateurs de kief et de musique lui sont restés fidèles » .
Ce quartier d’Istanbul est aujourd’hui surtout connu pour son célèbre club de football, une des trois principales équipes de la ville avec Galatasaray et Fenerbahce.

Entre la peinture et la lithographie, on remarque quelques légères différences dans la disposition des groupes de figures, l’organisation des feuillages et des nuages, ou les dimensions des embarcations.

Flandin n’expose plus au Salon à partir de 1861, et termine sa vie en Touraine, où il s’est installé depuis 1850; il est maire de la petite ville de Cerelles, et occupe différents postes à la préfecture de Tours.