Frédéric REGAMEY

L’atelier du peintre Jules Machard en 1887

Photo d'Edmond Bernard
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Frédéric REGAMEY (1849, Paris – 1925, Paris)
L’atelier du peintre Jules Machard en 1887
Pastel
32 x 24,5 cm
Signé et daté en bas à droite
Exposition: Salon des Beaux-Arts de 1888, Palais des Champs-Elysées, Paris, sous le N°3526


Notre dessin fait partie des neufs pastels que Frédéric Regamey exposa au Salon de 1888 sous le même N° 3526, et qui servirent à l’illustration du livre « Les peintres de la femme » (paru également en 1888) de Claude Vento (pseudonyme d’Alice de Laincel Vento, 1853-1924, châtelaine de Suze, collectionneuse et écrivaine qui connut un certain succès).
En plus de celui de Machard, les huit autres ateliers de peintres représentés étaient ceux de: Joseph Wencker, Carolus-Duran, Charles Chaplin, Alexandre Cabanel, Jean-Jacques Henner, Gaston Saint-Pierre, Jules Lefebvre et Léon Bonnat.
Les dessins devaient être présentés dans un même encadrement comme l’indique le commentaire de François Bournand (directeur du Paris-Salon et rédacteur en chef de « Blanc et Noir) dans le « Feu Follet », qui qualifie de « très intéressant et très admiré le cadre de M. Regamey renfermant des vues des ateliers de neuf peintres ».

Le jurassien Jules-Louis Machard (1839, Sampans – 1900, Meudon), élève du peintre religieux et d’histoire Emile Signol (1804-1892) et de l’académiste dauphinois Ernest Hebert (1817-1908), fut lauréat du prix de Rome en 1865 avec Orphée aux enfers, et séjourna à Rome de 1866 à 1874. Sage représentant de l’académisme, Machard fut particulièrement renommé pour ses portraits de femmes (il aurait réalisé plus de 300 portraits durant sa carrière), ses nus ou ses scènes allégoriques et mythologiques, tout en peignant de rares sujets religieux (comme ceux que lui commanda le marquis de Chennevières alors directeur des Beaux-Arts).

Le pastel de Regamey représente très fidèlement Machard et l’organisation de son atelier, comme on peut le voir sur des photographies noir et blanc de l’atelier par Edmond Benard et Adolphe Giraudon, datant de la même époque.
On reconnaît notamment le grand lustre d’inspiration rocaille, les tentures garnissant le mur du fond. Les tableaux accrochés sur ce même mur sont disposés à l’identique. Devant la tenture murale, posé sur une armoire de style Louis XIII, on identifie un portrait d’une Joueuse de mandoline, récemment passé en vente publique, qui est accroché sur un mur opposé de l’atelier sur un autre cliché. On retrouve également une Femme dénudée de dos avec un enfant. Le tableau à l’extrême droite, le deuxième en partant du haut, pourrait être celui d’une Jeune fille à la fourrure rouge conservé au musée de Dole. Le pastel de Regamey nous renseigne aussi sur les couleurs du tapis persan, probablement un kilim Senneh, près du lit sur lequel Machard est assis, et qui, sur une des photos, se trouve sous le tabouret de piano sur lequel la femme de l’artiste (Ernestine Aléo, d’origine cubaine, épousée en 1875) est assise.
Cet atelier se situait au 87, rue Ampère, dans l’actuel XVIIème arrondissement de Paris.
Plus récemment, il faut aussi celui du célèbre photographe Jean-Loup Sieff.

D’origine suisse, le plus jeune de ses frères peintres Guillaume (1837-1875) et Félix (1844-1907), Frédéric Regamey fut essentiellement un dessinateur et illustrateur, qui se spécialisa dans les représentations de la vie mondaine de son temps, et de scènes de sport, notamment d’escrime, une des disciplines dans laquelle il excellait lui-même. Il réalisa néanmoins des tableaux ayant pour sujet l’histoire contemporaine de la France. A partir de 1898, Regamey vécut principalement en Alsace, la région d’origine de sa femme Jeanne, et il se consacra à l’illustration d’ouvrages à thématique régionaliste.
En 1888, Frédéric Regamey était domicilié à Paris au 35, rue Rousselet, dans l’actuel 7ème arrondissement.

Musées: Louvre, Orsay, Versailles, Strasbourg, Colmar…