José FRAPPA

Autoportrait de l’artiste avec sa femme et son fils Jean-José Frappa


José FRAPPA (1854, Saint-Etienne – 1904, Paris)
Autoportrait de l’artiste avec sa femme et son fils Jean-José Frappa
Huile sur panneau
25 x 20 cm
Signée et datée 1891 en bas à droite
Exposition: Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1891 sous le N°369, En famille
Bibliographie: Catalogue illustré du Salon, imprimé chez A. Lemercier et Cie, 57 rue de Seine, Paris. Reproduit en noir et blanc page 212


Né de parents épiciers, et après avoir travaillé en tant que dessinateur dans un atelier de soierie à Lyon, José Frappa intégra l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon en 1872. Il y resta une année, puis décida de tenter sa chance à Paris; à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts il eut pour professeurs Isidore Pils, puis Jean-Georges Vibert, qui lui donna probablement le goût de représenter des religieux dans des scènes de genre plus ou moins anecdotiques.
Agé de 22 ans, il fit ses débuts au Salon en 1876, et ne dut attendre que quatre ans avant de recevoir sa première mention honorable.
Progressivement l’artiste commença à acquérir succès, notoriété, et… fortune, sachant produire de rémunérateurs portraits auprès d’une clientèle aisée, et sachant s’exporter à l’étranger où il devient très recherché (notamment en Angleterre et aux Etats-Unis). Il se marie en 1881 avec Marie-Augustine Frézet, et s’installe dans le XVIIème arrondissement de Paris, avant d’emménager en 1888 au 12, rue Pergolèse dans le XVIème arrondissement alors très à la mode.
C’est dans cet appartement qu’en 1891 Frappa se représente avec sa femme et leur fils unique Jean-José né le 3 avril 1882. Le fils d’épicier est devenu un bourgeois respecté, il reçoit chez lui de nombreux écrivains et poètes comme François Coppée, il possède un chalet de villégiature à Vichy. Tout en voulant afficher les signes de sa réussite (le décor de style Henri II, le fils avec son costume de marin et appliqué à ses études, l’attitude faussement désinvolte, porte-cigarette à la main, du peintre contemplant cependant avec contentement son tableau et sa famille), Frappa réalise une petite composition au format modeste, finalement très intimiste. La facture est lisse et précise, les qualités de coloriste bien présentes. En 1891 il expose 9 autres tableaux au Salon du Champ de Mars de la Société Nationale des Beaux-Arts, créée en 1890 par Puvis de Chavanne.

Bien qu’à côté de ses portraits il ait réalisé des scènes parfois assez naturalistes illustrant la vie quotidienne de son époque, Frappa est surtout connu pour être « le peintre des moines », qu’il représente souvent dans des attitudes cocasses: mais tout en distillant finement un esprit rabelaisien dans ces tableaux, Frappa avait un grand respect pour ces religieux dont il était sensé se moquer.
Devenu peintre parisien et international, il resta toujours proche de sa région natale, participant à toutes les expositions de Lyon et étant très apprécié du milieu artistique lyonnais.
Saint-Etienne, la ville de sa jeunesse, lui rendit d’ailleurs hommage en élevant en 1912 un monument à son effigie devant l’Hôtel de Ville, et en donnant son nom à l’une des rues (l’ancienne rue Neuve, où il était né).

L’intérêt de ce tableau est aussi de représenter son fils Jean-José (1882 – 10 octobre 1939), qui fut un célèbre journaliste, écrivain et auteur de théâtre. Comme le laisse supposer notre tableau, c’est un bon élève, qui effectue des études classiques à Sainte-Croix de Neuilly, puis au lycée Janson de Sailly, avant d’être licencié en droit. En 1904 il est déjà marié (à une artiste dramatique, Marcelle Desfossés) et père de famille (son fils prénommé Paul-José). Après la guerre de 14-18 pendant laquelle il est officier de liaison sur le front d’Orient, il collabore aux grands journaux de l’époque, et devient rédacteur en chef de « Femina » et du « Monde Illustré ». Il se remaria avec la chanteuse lyrique Olympe Garcias.
Parmi ses romans on peut citer: « A Salonique sous l’oeil des dieux » (1917), « A Paris sous l’oeil des métèques » (1926).
Parmi ses scénarios pour le cinéma: « La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc », réalisé par Marco de Gastyne en 1929, « Le joueur d’échecs », réalisé par Raymond Bernard en 1926.
Comme son père, il sera chevalier de la légion d’honneur.